Neurologie

Sclérose en plaque pédiatrique : l’ocrelizumab efficace dans un registre

Le caractère très inflammatoire de la sclérose en plaque pédiatrique nécessite le recours précoce à des traitements plus actifs sur le processus dysimmunitaire. Les études avec ce type de molécules se mettent en place chez l’enfant.

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  • 17 Février 2023
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    Les traitements de la sclérose en plaques (SEP) se sont énormément développés depuis 20 ans avec une offre thérapeutique qui a fait des progrès considérables tant sur le plan de l’efficacité que de la tolérance notamment au quotidien (voies orales, espacement des injections que ce soit sous-cutanées ou intraveineueses…).

    Cependant les grands oubliés de cette révolution thérapeutique, comme souvent dans le domaine du médicament, ont été les femmes enceintes et les enfants, systématiquement exclus des études thérapeutiques de phase 3.

    Les SEP pédiatriques sont plus inflammatoires

    Ainsi à ce jour seuls les interferons béta et l’acétate de glatiramer ont une AMM pour des traitements de première ligne et le fingolimod et le natalizumab pour les traitements de deuxième ligne. Ceci est d’autant plus paradoxal qu’il est bien connu que la SEP pédiatrique est plus inflammatoire que la SEP de l’adulte, moins bien contrôlée par les traitements de base et de pronostic plus péjoratif à long terme.

    Fort heureusement depuis une dizaine d’année des études randomisées se sont mises en place mais à ce jour les jeunes de moins de 18 ans restent les « parents pauvre » de la prise en charge thérapeutique de la SEP.

    Un registre ocrelizumab et SEP pédiatrique

    Dans ce contexte l’article de Bibinoğlu Amirov1 et al. nous a paru intéressant à rapporter même si il porte sur un petit nombre de patient. L’objectif de l’étude était de rapporter l’expérience de ce centre concernant la prescription de l’ocrelizumab dans une population de SEP pédiatrique (inférieure à 18 ans) rémittente, avec un suivi de plus de 1 an. Sur 18 patients issus de ce centre 10 comportaient les critères d’inclusion.

    La durée moyenne de suivi est de 28,3 mois (15-46 mois). Le taux annualisé de poussée est passé de 2,01 à 0 (P<0,0001) sous ocrelizumab. Aucun patient n’a eu d’activité IRM durant le suivi radiologique annuel. Le score EDSS a diminué de 1,75 à 1.20 entre l’initiation de l’ocrelizumab jusqu’à la dernière visite (P = 0.024). Il n’a pas été observé d’effet secondaire sur la période de suivi en dehors d’un patient qui a eu une réaction anaphylactique à la perfusion (effet secondaire connu sous ocrelizumab également chez l’adulte).

    Une piste à suivre sur le long terme

    Cette étude présente des limites évidentes (étude ouverte, petit nombre de patient, suivi relativement bref…) mais confirme l’efficacité majeure des anticorps monoclonaux chez les enfants, déjà observée avec le Natalizumab. Plus que l’efficacité qui n’est clairement pas une surprise pour ceux qui ont l’habitude de prendre en charge des enfants atteints de SEP c’est la tolérance qui sera à évaluer à long terme. En effet qu’elle peut être l’effet d’un anti-CD20 sur plusieurs dizaine d’années de traitements ?

    L’expérience des pédiatres dans l’utilisation des anti-CD20 notamment dans les rhumatismes inflammatoires de l’enfant est plutôt rassurante mais ces traitements ne sont pas donnés de façon aussi régulières et prolongée que dans la SEP.

    Un changement de stratégie ?

    L’avenir de la stratégie thérapeutique active d’emblée dans la SEP pédiatrique reste à dessiner mais, à l’instar de ce que nous avons observé chez l’adulte depuis 10 ans, il est probable que la prise en charge thérapeutique de la SEP pédiatrique évolue dans la même direction dans les années à venir afin d’offrir aux enfants les mêmes opportunités de contrôler le plus complètement possible leur maladie sans altérer leur qualité de vie.

    Une étude thérapeutique en double aveugle versus fingolimod2 est actuellement en cours de recrutement (Operetta 2) mais les résultats ne sont pas attendus avant 2026/2027. Une première phase de l’étude (Opéretta 1) a tout de même d’ores et déjà montré la bonne tolérance du produit à court terme avec des doses équivalentes à celle utilisées chez l’adulte.

    Bibliographie

    Bibinoğlu Amirov C. Ocrelizumab in pediatric multiplesclerosis. European Journal of Paediatric Neurology 2023 ;43 :1-5

    Operetta : https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT05123703

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