Addictologie
Intoxications au protoxyde d'azote : comment les repérer et les prendre en charge ?
Alors que les graves intoxications au protoxyde d'azote se multiplient depuis quelques années, l'ANSM publie une fiche synthétique pour accompagner les professionnels de santé dans leur diagnostic et leur prise en charge.
- Corinne Poleij/istock
Entre 2020 et 2021, les intoxications graves au protoxyde d'azote ont triplé. Ces intoxications, surviennent lors d'une utilisation détournée du protoxyde d'azote culinaire. Ce « proto » en vente libre, attire les consommateurs, des adultes jeunes le plus souvent, pour ses effets d'hilarité, d'euphorie, de désinhibition mais aussi d'anxiolyse.
L'évolution de la consommation de ce gaz hilarant, elle, ne fait pas rire, car elle s'inscrit de plus en plus dans le quotidien des usagers et non plus seulement à but festif. Dans ce contexte, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament publie une fiche synthétique à destination des professionnels de santé pour les aider à identifier les symptômes évocateurs d'une intoxication au protoxyde d'azote et à la prendre en charge. Quels en sont les éléments clés ?
Quand penser à l'inhalation de « proto » ?
80% des cas graves d'intoxication au protoxyde d'azote déclarés aux centres d'addictovigilance mentionnent des complications neurologiques précise l'ANSM. La présence, inexpliquée, de signes spécifiques d'une atteinte centrale ou périphérique (paresthésies ou hypoesthésies, déficit sensitivo-moteurs, troubles de la marche, ataxie...) ou de signes neurologiques aspécifiques (céphalées, malaise, vertiges, troubles cognitifs...) doivent donc particulièrement alerter.
L'intoxication au « proto » peut aussi se manifester par des signes thrombotiques ou cardiaques (troubles du rythme, douleur thoracique…) ou par des manifestations psychiatriques diverses : agitation, hallucinations voire délire, attaque de panique, tristesse, amnésie ou encore insomnie. Des accidents de la voie publique ou des brûlures peuvent aussi selon le contexte être des éléments alertant.
Le profil type des utilisateurs étant les hommes jeunes (moyenne d'âge 22 ans), il convient d'être particulièrement vigilant devant la survenue de l'un ou plusieurs de ces signes dans cette population. Et malgré l'interdiction de vente du protoxyde d'azote aux mineurs depuis 2021, encore un cas sur dix d'intoxications graves les concerne, indiquant la nécessité d'être aussi attentif à la survenue de signes suspects chez les patients de moins de 18 ans.
Quelle prise en charge en cas d'intoxication ?
La symptomatologie étant vaste, la fiche ne détaille pas la prise en charge spécifique à chaque atteinte, stipulant seulement que le traitement doit être « adapté à la symptomatologie » et la « prise en charge pluridisciplinaire », pas grand intérêt donc de ce côté. Plus globalement, elle rappelle que face à une intoxication au protoxyde d'azote, il convient de rechercher des troubles liés à l'usage (abus ou dépendance) et d'en préconiser, le cas échéant, un arrêt définitif.
L'aide d'un service d'addictologie peut alors être nécessaire. En cas de besoin, il est possible de demander un avis toxicologique au centre antipoison de sa région, disponible 24 heures / 24. Les centres d'addictovigilance (CEIP-A) sont aussi disponibles pour répondre aux questions sur les risques liés à l'utilisation du protoxyde d'azote.
Des abus à déclarer
Pour mémoire, les cas d'abus, de dépendance ou d'usage détourné de protoxyde d'azote peuvent être déclarés sur le portail de signalement des événements sanitaires indésirables : signalement.social-sante.gouv.fr. Il ne s'agit pas d'une obligation mais d'un acte citoyen permettant de recueillir les données nécessaires à la surveillance de l'utilisation et des risques liés à ce produit.