Billet d'humeur

Levothyrox : l’ANSM désormais mise en examen !

Après des années de procédures judiciaires, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé lundi 5 décembre sa mise en examen pour « tromperie », un mois et demi après celle de la filiale française du laboratoire pharmaceutique allemand Merck, fabricant du médicament.

  • Md Saiful Islam Khan/istock
  • 09 Décembre 2022
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    Revoilà l'Affaire ! L'ANSM a été mis en examen pour « tromperie » dans « l'Affaire du Lévothyrox », affaire qui est un témoignage de notre temps et de ses dérives. Comme tous les responsables politiques, ou presque, sont « pourris » et comme tous les experts scientifiques, ou presque, sont « vendus », il ne reste que la justice pour dire la « vérité » à savoir que 15 000 personnes sur 2 à 3 millions de consommateurs de Levothyrox nouvelle formule, ont signalé des effets secondaires « intolérables ».

    Cette vérité judiciaire servira non seulement à indemniser les victimes mais ira même jusqu’à dire la vérité scientifique. Point n'est besoin de répondre aux questions des endocrinologues spécialistes. Questions qui sont pourtant nombreuses et pertinentes :
    1. Comment s'explique la rareté de ces effets secondaires « majeurs » ?
    2. Pourquoi tant de consommateurs de Levothyrox en France ? Y aurait-il un excès de thyroïdectomies ou un excès de prescriptions ? 
    3. Comment s'explique l'exception française du « scandale du Levothyrox » ?
    4. Quel est le rationnel de ces effets secondaires ? Après avoir incriminé le mannitol, on a mis en avant la différence entre bioéquivalence statistique et substituabilité individuelle (ce qui est le cas pour tous les génériques). Autrement dit certaines personnes nécessitaient un ajustement à la hausse ou à la baisse de la posologie du médicament, comme cela était d'ailleurs déjà le cas avec l'ancienne formule. Mais s'il s'agit d'un problème de bioéquivalence individuelle, les symptômes devraient, d'une part être modérés et, d'autre part, relever de l'hypo- ou de l'hyperthyroïdie. « Vertiges, céphalées à se taper le tête contre les murs », « douleurs diffuses musculaires et articulaires interdisant la marche », « éblouissements, perte de connaissance à la première prise »... ne font pas partie du registre de ces maladies.
    5. Comment expliquer la biologie très souvent normale, ne décelant, ni sur- ni sous dosage ?
    6. Pourquoi avoir refusé une étude en double aveugle avec cross-over, ayant comme critère principal de jugement la reconnaissance par le patient de la formule prise (ancienne ou nouvelle) de Levothyrox ?
    7. Pourquoi rejeter a priori comme scandaleuse l'hypothèse d'un effet nocebo surajouté au réajustement posologique nécessairement prévisible ?

    Force est de s'interroger également sur le rôle des media, sous la pression des réseaux sociaux, dont certains très sérieux ont osé comparer « l'affaire du Levothyrox » et le scandale du Médiator. A la lecture de cette comparaison, il y en a un qui, de là où il est, devait sourire de plaisir. En effet si Levothyrox et Mediator c'est vraiment le même combat, la justice devrait confirmer en appel sa clémence pour Servier. Et les collègues qui ont collaboré avec cette société à l’époque ne devraient pas avoir trop mauvaise conscience et se sentir obligés de se justifier.

    Enfin, force est de constater que la parole d'un ou d'une « people », qui dénonce et fait vendre ou élève l'audimat, a plus de crédit que les explications d'une société savante. Signe d’espoir cependant, on observe que certains quotidiens, très engagés initialement, se sont contentés d’un petit article factuel distancié rappelant que « l’affaire a nourri plusieurs mois durant une intense controverse publique »

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