Diabétologie
Maladie cardio-vasculaire : intérêt du dépistage systématique sur la mortalité
Un dépistage cardiovasculaire systématisé en population générale serait-il intéressant pour diminuer la mortalité cardiovasculaire ? La question se pose comme pour beaucoup de maladies (dont certains cancers). La réponse à cette question au plan cardiovasculaire reste non tranchée après cette étude danoise aux multiples biais (que des hommes inclus, un système de santé danois très performant…)
- Istock/OrnRin
L’intérêt du dépistage d'une maladie cardio-vasculaire en population générale reste débattu. Une équipe danoise a réalisé une étude contrôlée randomisée chez des hommes entre 65 et 74 ans, pour mesurer l’efficacité d’un dépistage associant score calcique, mesure de la tension artérielle, dépistage du diabète et de l’hypercholestérolémie : 16.768 personnes ont été invité à réaliser un dépistage, comparés à 29.843 personnes dans le groupe contrôle.
Après un suivi médian de 5,6 années, la mortalité toute cause ne différait pas entre les deux groupes, bien qu’à la limite de la significativité : 12,6% dans le groupe dépisté et 13,1% dans le groupe contrôle, soit un hazard ratio (HR) de 0,95 avec un IC à 95% incluant 1,00 (0,90 – 1,00, p-value = 0,06).
Pas de différence après 5,6 années
En critère secondaire, l’incidence des AVC diminuait dans le groupe dépistage avec un HR 0,93 (IC à 95% 0,86 – 0,99). En revanche, les incidences de l’infarctus du myocarde et des dissection aortiques (dépistées sur les images du score calcique) ne différaient pas de manière significative, avec un HR qui incluait à chaque fois 1,00 : HR 0,91 (IC à 95% 0,81 – 1,03) pour l’infarctus, et 0,81 (IC à 95% 0,49 – 1,35) pour l’anévrysme.
L’hétérogénéité de prise en charge dans les deux groupes n’influe pas
Dans cette population générale danoise d’hommes, un quart des individus inclus fumait, et un quart recevait un anti-agrégant plaquettaire. Un traitement anti-diabétique était pris par 13% des individus inclus, anti-hypertenseur par 53% et hypolipémiant par 37%. La présence d’un diabète ne modifiait pas l’analyse de la mortalité toute cause. En revanche, cette mortalité diminuait de manière significative avec le dépistage chez les individus traités par hypolipémiant à l’inclusion (HR 0,90, IC à 95 % 0,83 – 0,97), et chez les patients de moins de 70 ans (HR 0,89, IC à 95% 0,83 – 0,96).
Une limite importante de cette étude a été la réponse limitée aux invitations de dépistage : seuls 62 % des individus inclus dans le groupe dépistage ont réellement réalisé ce dépistage. Les analyses statistiques ont été réalisées « en intention de traitement », donc en incluant tous les individus dans le groupe dépistage, que celui-ci ait été réalisé ou non.
Une question non définitivement tranchée
Plusieurs limites empêchent la généralisation d’un dépistage cardiovasculaire. Tout d’abord, moins de 2/3 des personnes inclues dans le groupe dépistage l’ont réellement réalisé. On pourrait imaginer que ce pourcentage s’améliore en cas de politique de santé publique nationale avec des messages d’information multidiffusés. Ensuite, uniquement des hommes ont été inclus, et d’autres études suggèrent un possible bénéfice supérieur du dépistage chez les femmes.
De plus, l’intérêt d’un dépistage diminue lorsque l’accessibilité des soins en population générale est bonne. Or, il est admis que le système de santé danois est relativement efficace pour détecter une maladie cardiovasculaire en population générale, en dehors de tout dépistage systématique. Enfin, concernant les patients diabétiques, 2.167 ont été inclus dans le groupe dépistage. Un bénéfice faible du dépistage pourrait être révélé par une étude de plus grande ampleur chez ces patients à plus haut risque.











