Rhumatologie

Ostéoporose: succès d'une nouvelle thérapie ciblée

Une nouvelle ère thérapeutique pourrait voir le jour : un anticorps monoclonal antisclérostine, le romosozumab fait ses preuves dans une étude de phase 3 présentée à l’ASBMR et publiée dans le NEJM.

  • photographee.eu/epictura
  • 26 Septembre 2016
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    Depuis longtemps, l'ostéoporose ne connaissait pas d’évolution marquée dans sa prise en charge et souffrait aussi d’une désaffectation des femmes vis-à-vis du traitement. Mais les choses bougent. Une étude de phase II avait montré l’efficacité sur la densité osseuse d’un anticorps monoclonal le romosozumab sur les 3 sites de mesure densitométrique (rachis, hanche et fémur. Cette efficacité semble se confirmer dans une étude de phase III qui a été présentée au congrès de l'ASBMR. Elle a inclus plus de 7 000 femmes sud-américaines et européennes dont le T score allait de - 2,5 à -3,5 au niveau de la hanche ou du col fémoral. Durant les 12 premiers mois, ces femmes ont reçu des injections sous-cutanées de Romosozumab ou de placebo. Puis les deux groupes, placebo et traitement actif, ont reçu du Denosumab, un anti-résorbeur spécifique du RANK, pendant 12 mois également.

    73% de réduction des fractures vertébrales

    Selon le Dr Jean-Paul Marre, Rhumatologue à la Pitié Salpétrière à Paris, les résultats sont excellents vis-à-vis des fractures vertébrales avec 73% de réduction de nouvelle fracture; ils sont bons vis-à-vis des fractures cliniques avec 36% de réduction. Par contre au nivau des fractures non vertébrales, les auteurs n'atteignent pas la significativité, ceci étant sans doute lié à l'hétérogénicité des malades.

    Côté effets secondaires, pas de grosse surprise : on note un peu plus d’effets allergiques avec le romosozumab. Très attendus, les taux de fractures atypiques du fémur et les ostéonécroses de la mâchoire, qui sont très rares. En effet dans le groupe romosozumab, que ce soit dans la première partie de l'étude sans Denosumab ou encore dans la seconde  où il y avait du Dénosumab, on observe 2 ostéonécroses de la mâchoire et une fracture atypique, dont l'imputabilité est incertaine.

    Antisclérostine

    L’anticorps monoclonal utilisé est un anti-sclérostine, une nouvelle classe thérapeutique dans l’ostéoporose. C'est un inhibiteur des voies de signalisation de l'ostéoblaste, qui sont chargées de freiner son activité. Donc quand on donne un antisclérostine, on débloque ce freinage, ce qui a pour conséquence d'augmenter la formation osseuse. Dans la mesure où l'ostéoblaste agit lui aussi sur les ostéoclastes, on a une freination parallèle des ostéoclastes et donc on obtient aussi un effet anti-résorbtif.

    La rapidité d’obtention des résultats avec cet anti-sclérostine est assez surprenante puisqu'elle est d'une année seulement et les courbes divergent dès 6 mois de traitement, alors qu’il fallait au moins 3 ans pour obtenir ces résultats avec les traitements classiques dont on dispose aujourd’hui.

    Au terme des 12 mois de traitement avec le Romosozumab, le traitement est poursuivi avec du Denosumab. Pourquoi ? La réponse de Jan-Paul Marre.

    Ecoutez...
    Jean-Paul Marre, rhumatologue à la Pitié Salpétrière à Paris

    Ainsi avec la parathormone et les anti-rank, voici les anti-sclérostines qui semblent ouvrir une ére  nouvelle  dans la prise en charge de l’ostéoporose : en effet on passe d’une période où prédominait l'objectif anti-fracturaire sans préjuger du mécanisme anti-ostéoporotique, à une autre où on utilise des antirésorbeurs ou des ostéoformateurs qui seront à choisir en fonction des malades. En effet à l'avenir, pour Jean-Paul Marre, il faudrait identifier les patients selon leur profils avec ou non hyperactivité rank, ou sclérostine, ou autre... On pourra alors choisir la bonne molécule pour compenser l'effet à l'origine de l'ostéoporose et de la fracture.

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