Diabétologie

Diabète de type 1 : faux positifs de la sérologie anti-GAD

Le diagnostic de diabète est primordial pour prescrire au patient le traitement et les conseils les plus adaptés. Afin d’aide le clinicien, une sérologie anti-GAD peut être prescrite. Attention toutefois à l’utilisation de cet outil, qui peut induire à conclure à un diagnostic de diabète de type 1 à tort…

  • Istock/Manjurul
  • 28 Avril 2022
  • A A

    Lors du diagnostic d’un diabète, la précision de son type est déterminant pour choisir le traitement médicamenteux et cibler les messages d’éducation thérapeutique. Parmi les faisceaux d’arguments recherchés, une sérologie anti-GAD positive, associée à une autre maladie d’origine auto-immune chez l’individu ou dans sa famille, est un argument pour un diabète de type 1. Cependant, nous rapportons deux cas cliniques où un diabète de type 1 a été évoqué à tort après une greffe rénale, avec une sérologie anti-GAD initialement positive avec un fort taux, en fait liée à une perfusion dans les semaines précédentes de Privigen®, des immunoglobulines polyvalentes humaines, et se négativant dans les 6 mois suivants.

    Un diabète de type 1 faussement suspecté

    Le premier cas concernait un patient d’origine indienne, transplanté à l’âge de 20 ans pour une néphropathie d’origine inconnue. Deux mois plus tard, ce patient présente une acido-cétose diabétique, avec une sérologie anti-GAD positive à 6 fois la normale, faisant poser le diagnostic d’un diabète de type 1, et l’initiation d’une insulinothérapie basale-bolus. Les insulines rapides sont progressivement sevrées, et le diabète demeure équilibré sous insuline basale et anti-diabétiques oraux, avec une négativation des anticorps anti-GAD, et un peptide-C dosé normal 5 ans après le diagnostic, témoignant d’une insulinosécrétion résiduelle incompatible avec un diabète de type 1, faisant alors poser le diagnostic d’un diabète de type 2 cétosique.

    Le second cas concerne une patiente transplantée rénale à 29 ans pour une néphropathie de reflux. Un diabète est diagnostiqué un mois plus tard, avec une sérologie anti-GAD à 13 fois la normale, associée à un antécédent de diabète de type 1 chez le père, faisant suspecté un diagnostic similaire chez la patiente. Finalement, l’insulinothérapie initialement instaurée est rapidement sevrée, et la patiente est normo-glycémique sans traitement 10 mois plus tard, avec une négativation des anticorps anti-GAD. Le diagnostic retenue est finalement un diabète cortico-induit.

    Une sérologie anti-GAD positive induite

    Un point commun à ces deux patients étaient d’être à haut risque immunologique pour la transplantation rénale. Dans ce cadre, les patients ont bénéficié entre autres de perfusions de Privigen(r), des immunoglobulines IgG polyvalentes humaines, préparées à partir de 1.000 à 100.000 donneurs, permettant d’obtenir un spectre très large d’immunoglobulines. Les deux patients ont reçu 140 g d’IgG, sachant qu’un corps humain en contient entre 6 et 9 grammes.

    Les anticorps anti-GAD ont été dosés dans le sérum de 6 patients ayant reçu du Privigen®, avant et dans les deux mois suivants cette perfusion : dans 100 % des cas, la sérologie anti-GAD était négative avant, et positive après.

    Une origine non déterminée

    Une positivité du test non spécifique, qui aurait été liée à la concentration massive d’IgG dans le sérum, a pu être formellement éliminée. Tout d’abord, la sérologie anti-GAD reste positive quelle que soit la méthode de dosage utilisée (radio-immunologique RIA et ELISA), et d’autres sérologies sont négatives (dont les anti-IA2 et anti-ZNT8). Surtout, l’ajout d’antigène GAD dans le sérum négative complètement cette sérologie. En revanche, l’origine de ces anticorps reconnaissant l’antigène GAD n’a pu être élucidée. La prévalence du diabète de type 1 dans la population général, et la diminution de la positivité de cette sérologie à distance du diagnostic, semble incompatible avec un tel titre retrouvé dans le Privigen(r). Une modification, lors de la préparation du Privigen (sélection des IgG, regroupement des donneurs, etc), d’anticorps plus fréquents dans la population générale, pourrait en être la cause, mais reste à démontrer.

    En cas de suspicion d’un diabète de type 1 après la perfusion d’immunoglobulines polyvalentes, il est donc conseillé de doser d’autres anticorps (anti-ZNT8, anti-IA2), ou d’attendre ou moins 6 mois avant de doser les anti-GAD.

    Pour pouvoir accéder à cette page, vous devez vous connecter.