Infectiologie
Covid-19 et variants : 1ers résultats avec un vaccin ARNm bivalent dirigé contre un autre variant
Moderna a présenté les résultats de l'essai d’un vaccin à ARNm bivalent ciblant 2 variants du SARS-CoV-2, et qui semble induire des réponses anticorps puissantes et durables, offrant ainsi un nouvel outil pour répondre aux différents variants émergents.
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Moderna a annoncé les résultats préliminaires, non encore évalués par les experts, d’une étude phase 2/3 sur un vaccin à ARNm bivalent dirigé à la fois contre le coronavirus ancestral et contre le variant Bêta. Les résultats montrent que ce nouveau type de vaccin offrirait une meilleure protection et plus durable par rapport au vaccin monovalent à ARNm actuel.
Le laboratoire indique qu’il teste également une autre version d’un vaccin bivalent ciblant le variant ancestral du SRAS-CoV-2 et le variant Omicron dans une autre étude en cours, dont les résultats sont attendus pour juin 2022, et qui pourrait être encore plus performante.
L'étude pré-publiée n'avait pas pour but d'évaluer l'efficacité clinique du vaccin et n'a fait que mesurer la réponse anticorps, la plus simple à mesurer des réponses du système immunitaire, mais qui peut être un bon reflet de l'efficacité.
Deux doses de rappel à 50 et 100 µg
Cette étude de phase 2/3 a évalué l'immunogénicité et l'innocuité d’un candidat-vaccin bivalent mRNA-1273.211 (quantités égales d'ARNm des protéines de pointe du variant ancestral du SARS-CoV-2 et du variant Bêta) en tant que premières doses de rappel de 50 µg (n=300) et 100 µg (n=595), environ 8,8-9,8 mois après la première série de vaccination par le mRNA-1273 (vaccin Moderna initial).
La dose de rappel mRNA-1273.211 (50 et 100 µg) procure des réponses en anticorps neutralisants contre le SARS-CoV-2 ancestral et le variant Bêta, plus élevées que celles obtenues après la deuxième dose de mRNA-1273.
Les réponses en anticorps après la dose de rappel de 50 µg de mRNA-1273.211 sont également plus élevées que celles après une dose de rappel de 50 µg de mRNA-1273 pour les variants ancestraux SARS-CoV-2, et les variants Beta, Omicron et Delta (28 jours après la dose de rappel) et pour les variants ancestraux SARS-CoV-2, Beta et Omicron (180 jours après la dose de rappel) : les objectifs d'immunogénicité ont donc été atteints.
Le profil de sécurité et de réactogénicité du mRNA-1273.211 booster (50 µg) est comparable à celui du mRNA-1273 (50 µg).
Une étude intermédiaire
Dans cette étude, les chercheurs ont combiné le vaccin ARNm existant avec un vaccin ARNm conçu pour cibler au variant Beta, qui avait été détectée pour la première fois à la fin de 2020. Ils ont constaté que cette combinaison offrirait une meilleure défense, non seulement contre le SARS-CoV-2 ancestral et le variant Bêta, mais aussi contre les variants Delta et Omicron.
Les volontaires qui ont reçu une injection de rappel du vaccin bivalent ont, en effet, produit plus de deux fois le niveau d'anticorps contre le variant Omicron que ceux qui ont reçu une dose de rappel du vaccin Moderna actuel. La protection supplémentaire aurait persisté pendant six mois contre le variant Omicron mais serait retombée plus rapidement contre le variant Delta, au même niveau que celui obtenu avec le vaccin Moderna initial.
Bientôt un vaccin dirigé contre Omicron
Moderna envisage des résultats encore meilleurs en combinant le vaccin ARNm existant avec un vaccin ARNm ciblant Omicron. Le variant Beta n’est en effet plus retrouvé en circulation depuis quelques mois, alors que le variant Omicron produit encore des sous-variants, dont BA.1 et BA.2 : de nombreux experts selon le New York Times suggèrent qu'il s'agit probablement de la meilleure cible pour un nouveau vaccin efficace lors de l’hiver prochain.
Les chercheurs de Moderna ont mesuré uniquement les taux d'anticorps et les autres réponses immunitaires, qui assurent également la défense contre la Covid-19, mais plus délicates et coûteuse à mesurer, n'ont pas été évaluées. Même si les taux d'anticorps ne donnent qu'une image partielle de la réponse du système immunitaire, les chercheurs continuent de penser qu'il reste important de maintenir des taux d'anticorps élevés.
En pratique
Les chercheurs des différent laboratoires pharmaceutiques internationaux et des National Institutes of Health se sont lancés dans une course effrénée pour trouver comment améliorer les vaccins existants à temps pour que les nouvelles doses de rappel soient prêtes pour l’automne prochain et certains chercheurs pensent que des vaccins traditionnels basés sur des protéines recombinantes seraient intéressants. Les résultats de cette étude de Moderna sont les premiers du genre à être rendus publiques et montrent le potentiel de cette approche basée sur un vaccin bivalent à ARNm.
Les conclusions de cette étude permettent d'espérer que nous disposerons d'un meilleur vaccin d'ici l'automne 2022, lorsque la Covid-19 risque de réapparaître en force, éventuellement avec un sous-variant du variant Omicron. À terme, les autorités de santé envisagent une injection de rappel annuelle avant l’hiver avec un vaccin ciblant le variant responsable, au moins chez les personnes les plus fragiles, comme pour la grippe.











