Oncologie
Cancer : le dépistage systématique de la dépression peut améliorer les soins
Chez les patientes atteintes d'un cancer du sein et traitées en vie réelle, un programme de dépistage systématique de la dépression est associé une plus grande proportion de malades suivies en psychothérapie.
- fizkes/istock
Le dépistage systématique de la dépression est recommandé par les instances d’oncologie mais reste difficile. De nombreuses études suggèrent que les parcours de soins multidimentionnels avec une gestion des malades basée sur des algorithmes sont efficaces, mais la mise en œuvre de ces programmes reste limitée dans la durée.
Dans cet essai randomisé pragmatique portant sur 1 436 patientes traitées pour cancer du sein dans six centres médicaux californiens, une proportion plus élevée de patientes dans les sites randomisés pour les stratégies de dépistage assisté de la dépression ont été orientées vers des services de psychothérapie après le dépistage, par rapport à la clinique seule. Les résultats sont publiés dans le JAMA.
Essai pragmatique en vie réelle
Dans cet essai clinique pragmatique randomisé en cluster mené dans 6 centres médicaux du Kaiser Permanente Southern California (KPSC), l'essai a inclus 1436 patientes diagnostiquées avec un nouveau cancer du sein en soins primaires. Le critère principal était le pourcentage de patientes éligibles dépistées pour une dépression (sur la base du score PHQ-9) et orientées vers une structure de psychothérapie.
Pour le critère primaire, 7,9% (59 sur 744) des patientes des sites avec démarche systématique assistée ont été orientées vers un spécialiste, contre 0,1% (1 sur 692) dans les sites avec exercice clinique classique (différence, 7,8% ; IC à 95%, 5,8%-9,8%).
L'orientation vers un clinicien spécialisé en psychothérapie a été effectuée sur 44 des 59 patientes traitées dans les sites intervention (75%) contre 1 patiente sur 1 dans les sites classiques.
Dans l’analyse ajustée, les patientes des sites de dépistage assisté ont significativement moins de consultations externes en oncologie médicale (ratio de taux, 0,86 ; IC à 95%, 0,86-0,89 ; p = 0,001), mais aucune différence significative n’est observée dans cette étude pour l'utilisation des soins primaires, des soins urgents et des visites aux urgences.
Dépister la dépression
Alors que la prévalence globale de la dépression clinique dans le cancer du sein a été estimée à environ 30%, une abondante littérature documente l’association entre une dépression et un pronostic péjoratif chez les patients atteints de cancer, en particulier de cancer du sein, y compris une diminution du fonctionnement physique et social, une augmentation du fardeau des symptômes et une mauvaise qualité de vie.
Le dépistage des symptômes dépressifs est donc largement recommandé et les programmes de dépistage d’une dépression sont obligatoires pour l'accréditation des centres anticancéreux par l'American College of Surgeons Commission on Cancer. Cependant, la dépression et les symptômes dépressifs restent sous-détectés et sous-traités chez les patientes atteintes d'un cancer du sein.
Parmi les patientes atteintes d'un cancer du sein traitées dans des cliniques d'oncologie médicale en vie réelle, des stratégies mettant en œuvre un dépistage systématique de la dépression entraînent une plus grande proportion d'orientations vers des soins psycho-comportementaux. Des études supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les bénéfices cliniques et le rapport coût-efficacité de ce programme.











