Rhumatologie
Douleur chronique : la génétique et l’environnement sont co-responsables
Une analyse démontre le caractère familial de la douleur chronique. Celui-ci serait lié, tant à des anomalies sur plusieurs gènes, qu’à un environnement familial « toxique ».
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La douleur chronique est une affection fréquente et invalidante et, chez certains malades, il existe des liens certains avec la dépression. Par ailleurs, plusieurs personnes issues d’une même famille peuvent souffrir d’une douleur chronique, mais le rôle de l’environnement est mal compris par rapport à la génétique.
Génétique vs environnement
Une large étude parue dans PLOS Medicine démontre que, tant le terrain génétique, que des facteurs d’environnement partagés avec le conjoint, sont d’importants facteurs de risque pour l’apparition d’une douleur chronique.
De même, des facteurs de risque partagés entre la douleur chronique et la dépression sont retrouvés, tant au niveau génétique qu’au niveau de l’environnement.
Analyse génétique et environnementale croisée
Ces résultats sont issus d’une analyse familiale d’une très large base de donnée, la « Generation Scotland: Scottish Family Health Study » (GS:SFHS), sur 23 960 écossais. Ces données ont été croisées avec celles de la « UK Biobank » qui est une banque de données génétiques concernant 500 000 personnes au Royaume-Uni, dont 112 151 ont eu une analyse génotypique et phénotypique détaillée.
A partir de ces données, il apparaît que la douleur chronique est un trait génétique modérément héritable (l’héritabilité familiale de ce trait est de 38.4%), et qu’elle est significativement concordante entre conjoints (variance expliquée 18.7%, IC 95% 9.5% à 25.1%).
Un lien avec la dépression unipolaire
La douleur chronique est par ailleurs corrélée positivement avec la dépression (ρ=0.13, IC 95% 0.11 to 0.15) et elle montre une tendance à l’agrégation familiale (corrélation=0.51). L’influence de la génétique sur l’apparition de la douleur chronique s’exprime à travers de nombreux gènes (caractère « polygénique ») et la cumulation chez une même personne d’anomalies génétiques exposant à un risque de dépression augmente également le risque d’avoir une douleur chronique.
Au final, cette très large étude permet de confirmer à grande échelle des données parues précédemment. Elle permet également de préciser le niveau de corrélation qui existe entre l’apparition d’une douleur chronique, un terrain génétique favorisant et un environnement familial « toxique », comme une douleur chronique chez le conjoint. Certains de ces facteurs de risque génétiques et d’environnement sont communs avec la dépression unipolaire. Ces résultats devraient permettre d’isoler les gènes exposant au plus fort risque de douleur chronique et de mieux comprendre et mieux traiter la douleur chronique.











