Infectiologie
3ème dose : la vaccination hétérologue est très efficace quel que soit le mélange
Pour la 3ème dose de rappel, pas besoin de se préoccuper de la marque de vaccin, du moment que c’est un vaccin à ARNm : ce sont ceux qui donnent les meilleures réponses immunitaires dans une large étude anglaise.
- Alernon77/istock
Alors que la 5ème vague Covid-19 frappe l’Europe et que le variant Omicron, déjà en France, ouvre de nouvelles incertitudes, le rappel vaccinal est cependant conseillé par tous les experts. Mais avec quel vaccin ?
La vaccination « hétérologue », c'est-à-dire avec des vaccins successivement différents (on parle aussi de « mélange », « d’interchangeabilité », de « cocktail », de « croisement »...) est validée dans de nombreux pays, mais une nouvelle étude anglaise, avec 7 vaccins et doses différents, éclaire sur son efficacité et sa tolérance.
Il s’agit d’une étude de grande envergure (n=2878), publiée jeudi dans The Lancet, qui a testé les combinaisons de 7 vaccins en « booster » après une vaccination initiale : toutes sont susceptibles de fournir une forte protection.
De nombreuses combinaisons de vaccins
En combinant sept marques différentes de vaccins, des chercheurs britanniques constatent que la plupart des mélanges entre ces vaccins apportent une réponse immunitaire forte à J28 (réponses anticorps et cellulaire), les vaccins à ARNm de Moderna et Pfizer-BioNTech provoquant les réponses les plus importantes. La demi-dose semble améliorer la tolérance générale mais ne change rien au plan local et la réponse serait un peu moins bonne.
Il est trop tôt pour que les chercheurs puissent se prononcer sur l'efficacité des différents rappels de vaccins contre le nouveau variant Omicron, dont les mutations pourraient lui permettre d'échapper à certains des anticorps produits par les vaccins Covid-19 existants.
Large étude de combinaisons avec 7 vaccins
Les 2 878 volontaires de l'étude ont tous reçu initialement deux injections des vaccins AstraZeneca ou Pfizer à partir de décembre 2020. Les chercheurs ont ensuite testé sept vaccins différents en tant que rappels : outre ceux d’AstraZeneca et de Pfizer en administration croisée, ils ont essayé trois autres vaccins actuellement autorisées dans divers pays : Johnson & Johnson, Moderna et Novavax. Ils ont également essayé deux nouveaux vaccins qui n'ont pas encore été autorisés dans un seul pays : le vaccin à ARNm de CureVac et le vaccin de Valneva fabriqué à partir de coronavirus inactivés.
Après quatre semaines, les chercheurs ont prélevé des échantillons de sang des volontaires et mesuré leur taux d'anticorps et leur immunité cellulaire.
La plupart des combinaisons de rappels utilisées dans l'étude ont permis d'élever les anticorps à un niveau équivalent à une protection d'au moins 90% contre l'infection. Et les vaccins à ARNm de Pfizer et Moderna ont produit des taux d'anticorps beaucoup plus élevés que les autres vaccins.
Essai multicentrique randomisé
COV-BOOST est un essai multicentrique, randomisé, contrôlé, de phase 2, portant sur la troisième dose de vaccin de rappel contre la Covid-19. Les volontaires participants étaient âgés de plus de 30 ans, ont été revaccinés au moins 70 jours après les deux doses initiales des vaccins AstraZeneca ou Pfizer, et n'avaient pas d'antécédents d'infection à SARS-CoV-2 confirmée en laboratoire. Les participants ont été randomisés en différents groupes avec des comparaison 3ème dose d’un vaccin anti-Covid et un vaccin témoin (vaccin conjugué quadrivalent contre le méningocoque).
Les résultats sont comparables entre les personnes âgées de 30 à 69 ans et celles âgées de 70 ans et plus. Une fatigue et une douleur sont les effets indésirables généraux et locaux les plus fréquents. Ils ont été ressentis davantage par les personnes les plus jeunes (âgées de 30 à 69 ans) que par celles âgées de 70 ans ou plus. Les effets indésirables graves (n=24) sont peu fréquents, similaires et de fréquence identique dans les groupes vaccin actif et contrôle.
Les résultats de cette étude suggèrent que les vaccins à ARNm sont efficaces au plan immunitaire et sécuritaire. Les doses actuelles pourraient être plus élevées que celles nécessaire à un renforcement adéquat de l'immunité lors d’une troisième dose.











