Cardiologie
HTA : la rigidité artérielle dès l’adolescence est un facteur de risque majeur
Une rigidité artérielle à l'adolescence, fréquemment observée en cas d’obésité, conduit fréquemment à une hypertension artérielle sept ans après, chez l’adulte jeune : une véritable bombe à retardement.
- obeo/istock
La rigidité artérielle, un paramètre assez simple à mesurer, serait un facteur de risque à désormais cibler chez les enfants et les adolescents obèses pour prévenir et traiter une hypertension artérielle chez le jeune adulte, voire l’aggravation de l'obésité.
C’est ce qui ressort d’une des plus vastes études prospectives de suivi d’enfants et adolescents en cours dans le monde, l'Avon Longitudinal Study of Parents and Children (ALSPAC). Ses premiers résultats sont publiés dans la revue Hypertension.
Quasi doublement du risque d’HTA diastolique
Selon une étude utilisant les données de l'Avon Longitudinal Study of Parents and Children (ALSPAC), qui suit plus de 3 800 adolescents âgés de 17 ans pendant sept ans, une rigidité artérielle plus élevée à l'adolescence augmente le risque d'hypertension artérielle systolique de 20% et d'hypertension artérielle diastolique de 77%, sept ans plus tard.
Les participants ayant été répartis en quatre groupes égaux en fonction de leur niveau de rigidité artérielle, il est possible d’observer un effet rigidité-dépendant. Les adolescents dont le niveau de rigidité artérielle se situe dans le quartile le plus élevé à la fois à 17 ans et à 24 ans ont une augmentation de la pression artérielle systolique de 4 mmHg, et une augmentation de la pression artérielle diastolique de 3 mmHg au cours de la période d'observation qui est de sept ans.
Relation rigidité-HTA
Il convient de noter que de légères élévations de la pression artérielle systolique et diastolique ont également été observées chez des adolescents qui ont une légère augmentation de la rigidité artérielle, mais elles restent dans les limites de la normale.
Cependant, l’augmentation de la pression artérielle dans le groupe « léger » est seulement deux fois moins importante que dans le groupe « élevé ».
Ces résultats sont similaires chez les garçons et les filles, malgré l’ajustement des résultats sur les facteurs de risque tels que le tabagisme, l'activité physique, les taux de lipides et de glucose, la graisse corporelle, la fréquence cardiaque, les antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires….
Un effet à double sens ?
Les études précédentes sur la rigidité artérielle se sont concentrées sur l'effet négatif de l'obésité sur le cœur et les vaisseaux sanguins. Cependant, l’étude ALSPAC révèle qu'une rigidité artérielle plus élevée à l'âge de 17 ans augmente également le risque d'obésité abdominale et d'obésité du corps entier de 20% à l'âge de 24 ans.
Les résultats révèlent une possible influence à double sens entre les artères rigides et l'obésité, bien que le niveau de preuve soit plus fort en faveur du fait que l'obésité conduit à une rigidité artérielle, que l'inverse.
Mesurer la rigidité artérielle
Selon les auteurs, une récente déclaration scientifique de l'American Heart Association indique qu'une augmentation de 5 mmHg de la pression artérielle sur cinq ans augmente de 16% le risque de décès dans la population adulte. Ce qui augure d’un problème majeur de santé publique si rien n’est fait.
Ces résultats sont importants sur le plan clinique et en termes de santé publique, dans la mesure où les futures stratégies de prévention et de traitement de l'hypertension artérielle doivent désormais prendre en compte la réduction de la rigidité artérielle chez les adolescents et surtout la lutte impitoyable contre les causes de l’obésité à cet âge.











