Pédiatrie
Polyarthrite juvénile : supériorité d’un traitement de fond combiné précoce
Lors du diagnostic de polyarthrite juvénile, la mise en route d’un traitement associant d’emblée des DMARD biologiques et conventionnels pourrait être efficace pour éviter une corticothérapie, obtenir une mise en rémission et protéger les articulations de ces enfant
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La polyarthrite juvénile reste une maladie difficile à traiter, longtemps grevée du fardeau des complications infantiles de la corticothérapie, et qui nécessite plus d’options de traitement pour une approche plus personnalisée.
Le suivi à 24 mois de l’étude STOP-JIA, présenté au congrès annuel de l'American College of Rheumatology (ACR 2021), montre que des enfants souffrant de polyarthrite juvénile incidente qui ont été traités précocement et agressivement par une association des traitements de fond (DMARD) biologiques et conventionnels peuvent atteindre le stade de maladie cliniquement inactive plus fréquemment qu’avec les autres stratégies de traitement sur 24 mois (Abstract 0960).
Une comparaison de 3 stratégies thérapeutiques initiales
L'étude STOP-JIA a comparé trois stratégies de traitement initiales, validées dans les consensus, pour la polyarthrite juvénile (JIA en américain). Ces stratégies ont été élaborées à l'origine par la Childhood Arthritis and Rheumatology Research Alliance (CARRA). Il s’agissait de déterminer laquelle était la plus efficace pour atteindre le stade de maladie cliniquement inactive chez des enfants non traités auparavant. Les résultats présentés en 2021 sont ceux obtenus après 24 mois de suivi. Trois stratégies standardisées ont été comparées dans l'étude, qui comptait initialement 400 patients :
- « Step Up » : début avec un DMARD synthétique conventionnel puis ajout d’un DMARD biologique si nécessaire après trois mois ou plus ;
- « Early Combination » : début avec un DMARD synthétique conventionnel et un DMARD biologique d’emblée ;
- « Biologic First » : début avec un DMARD biologique seul et ajout d’un DMARD synthétique conventionnel si nécessaire après trois mois ou plus.
Le registre multicentrique CARRA
Il s’agit d’une étude observationnelle : les enfants n'ont pas été randomisés initialement. Les chercheurs ont recueilli des données tous les trois mois pendant les 12 premiers mois, puis tous les six mois dans le registre CARRA. Bien que l'étude principale se soit terminée à 12 mois, le registre continue de suivre chaque enfant pendant au moins 10 ans, ce qui permettra d'analyser les résultats à plus long terme.
Le critère principal mesuré est la proportion d'enfants dont la maladie est cliniquement inactive sans corticoïdes à 24 mois. Les critères secondaires sont : le score d'activité de la polyarthrite juvénile basé sur 10 articulations, le score d'activité de la maladie ACR70-pédiatrique et les symptômes rapportés par les patients.
Comparaison de 3 stratégies
Après de 24 mois de suivi, 291 enfants ont effectué leur visite de suivi : 188 dans le groupe « Step Up », 76 dans le groupe « Early Combination » et 27 dans le groupe « Biologic First ». Il y avait des différences significatives entre les groupes au départ, notamment le nombre d'articulations inflammatoires et d’arthrites actives ainsi que les scores d'activité de la maladie.
A ce terme, 52% des enfants du groupe « Early Combination » sont cliniquement inactifs, contre 42% des enfants du groupe « Step Up » et 44% des enfants du groupe « Biologic First ».
Supériorité de l’association d’emblée
Après ajustement, la différence est significative pour le critère de la maladie cliniquement inactive en faveur du groupe « Early Combination » par rapport à ceux du groupe « Step Up » à 24 mois de traitement, mais il n'y a pas de différence significative entre les trois stratégies pour les autres critères de l'étude.
Les chercheurs constatent que les 3 groupes continuent à s'améliorer entre 12 mois et 24 mois, notamment sur le score d'activité clinique de la polyarthrite juvénile et le score ACR70-pédiatrique. Les enfants des trois groupes ont également une amélioration de la douleur et des mesures de mobilité articulaire par rapport au début de l'étude.
Dix-sept événements indésirables ont été signalés au cours de l'étude, le plus souvent des infections.
Un suivi qui se poursuit
Les chercheurs trouvent encourageant de constater qu'en général, la plupart des enfants atteints de polyarthrite juvénile se portent bien à 24 mois lorsqu'ils sont traités initialement avec l’une des stratégies validées qui comprennent des médicaments efficaces.
Ces résultats à 24 mois suggèrent qu'un traitement précoce par une biothérapie en association avec un DMARD conventionnel pourrait être la stratégie la plus efficace sur le long terme pour la majorité des enfants souffrant de polyarthrite juvénile incidente.
Ils projettent de continuer à étudier cette cohorte d’enfant sur une période plus longue, et si possible jusqu’à un suivi de 10 ans, et de réaliser d'autres analyses afin de mieux comprendre l'efficacité des stratégies thérapeutiques validées testées dans ce registre.











