Infectiologie
SIDA : la science sait pourquoi il est plus fréquent en Afrique
Des scientifiques ont trouvé une des raisons pour lesquelles le SIDA est plus fréquent en Afrique : une infection lymphatique à filaire est un facteur de risque.
- International AIDS Society/Marcus Rose
Une étude conduite en Tanzanie a montré que les personnes infectées par une filaire lymphatique, Wuchereria bancrofti, sont plus à risque que les personnes témoins de faire une infection à VIH. C’est particulièrement le cas chez les adolescents et les jeunes adultes qui sont 3 fois plus à risque de développer un SIDA lorsqu’ils sont infectés.
Une étude de cohorte sur 5 ans
Ces données sont issues d’une étude de cohorte qui a suivi pendant 5 ans plus de 4 000 familles et plus de 18 000 personnes. Dans un sous-groupe de 1055 personnes séropositives pour la filariose, et par rapport au reste de la population, le risque d’infection à VIH est significativement augmenté par rapport à la population non infectée par la filaire (1·91 cas pour 100 années-personnes versus 0.80).
Quand on regarde ce risque en fonction de l'âge, on s'aperçoit qu'il est multiplié par 3.2 chez les 14-25 ans et de 2.4 chez les 26-45 ans. Au-delà de 45 ans lerisque d’infection à VIH est multiplié par 1.2.
Ce statut séropositif pour la filariose reste un facteur de risque significatif après ajustement sur les comportements sexuels et les facteurs socio-économiques.
La filariose est un facteur de risque
Maintenant que ce lien entre filariose lymphatique et augmentation du risque d’infection à VIH est confirmé, tout le travail reste à faire. D’une part, il faut améliorer le traitement de la filariose en Afrique, et en particulier le traitement de sa forme adulte, puisque cette infection est fréquente et qu’elle favorise les infections à VIH. D’autre part, cette association suggère une implication immunologique qui va désormais être mieux explorée afin de comprendre quelles sont les anomalies immunologiques qui favorisent l’infection à VIH. Cette publication fait écho à d’autres travaux sur l’impact immunologique des parasitoses.
Les études sur l’influence sur l’infection à VIH de l’éradication des microfilaires et des filaires adultes sont en cours.











