Gynéco-obstétrique

Pré-éclampsie : les experts confirment la place de l’aspirine en prévention

La mise à jour des recommandations de l’USPSTF conclut au bénéfice net de l’aspirine à faible dose pour la grossesse chez les femmes à risque élevé et modéré de pré-éclampsie. La question de son intérêt se pose même sur le risque cardio-vasculaire à long terme de ces femmes.

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  • 30 Septembre 2021
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    Syndrome inflammatoire multisystémique, d’évolution souvent progressive et dont l’étiologie est mal comprise, la pré-éclampsie est la deuxième cause de morbi-mortalité maternelle au niveau mondial. Elle concernerait 4% des grossesses aux Etats-Unis et serait à l’origine de 20% des prématurités induites.

    Le groupe de travail des services de prévention des Etats-Unis (USPSTF, US Preventive Services Task Force), a mis à jour de ses recommandations : chez les femmes à risque, c’est-à-dire ayant au moins un des facteurs de risque validé, le recours à l’aspirine à faible dose permettrait de réduire de 15% le risque de pré-éclampsie et d’un cinquième le risque péri-natal.

    Une analyse de 34 essais cliniques

    Le groupe de travail des services de prévention des Etats-Unis (USPSTF, US Preventive Services Task Force) vient de mettre à jour ses recommandations, dont la précédente version datait de 2014.

    Sur la base de 18 essais cliniques ayant porté sur les risques maternels et fœtaux associés à la pré-éclampsie et 16 essais cliniques randomisés ayant évalué, comparativement à un placebo, l’aspirine en prévention de la PE et de ses complications, les experts confirment la place de l’aspirine à faible dose chez les femmes à haut risque de pré-éclampsie et ne présentant pas de contre-indication à l’aspirine.  

    Des facteurs de risque identifiés

    Les recommandations, publiées dans le JAMA, précisent les facteurs de risque majeurs de pré-éclampsie : antécédent de pré-éclampsie, grossesse multiple, hypertension artérielle chronique, diabète prégestationnel de type 1 ou 2, maladie rénale, maladie auto-immune.

    Ainsi, les femmes enceintes qui ont au moins un de ces facteurs de risque devraient ainsi recevoir de l’aspirine dès que le terme de la grossesse dépasse 12 semaines.

    Combinaison de facteurs de risque modéré

    Mais une prévention par aspirine à faible dose peut également être discutée chez les femmes enceintes qui ont plusieurs facteurs de risque modérés de pré-éclampsie :  primipare, antécédents familiaux de PE et personnel tels qu’un petit poids pour l’âge gestationnel, obésité, fécondation in vitro, niveau socio-économique bas pouvant limiter l’accès aux soins.  

    A contrario, les experts estiment que les échelles de scores développées ces dernières années, basées sur des paramètres cliniques, biologiques et de mesures doppler des artères utérines ne sont pas suffisamment validées.

    Baisse de 20% du risque de prématurité

    Dans les essais analysés, le recours à l’aspirine à faible dose chez les femmes à risque a permis de réduire de 20% le risque de naissance prématurée, de 18% celui de restriction de croissance fœtale, et de 21% la mortalité périnatale.

    Le risque de pré-éclampsie a lui été réduit de 15%. L’impact du traitement sur la mortalité maternelle n’a pas pu être correctement évalué en raison du faible nombre d’événements.

    Une posologie de 81 mg par jour

    Les doses d’aspirine qui ont fait la preuve de leur efficacité dans la réduction des risques associés à la PE allaient de 60 à 150 mg en une prise par jour.

    Le groupe de travail propose une posologie quotidienne de 81 mg d’aspirine, qui correspond aux présentations à faibles doses commercialisées aux Etats-Unis.

    L’impact sur le RCV à long terme en question

    Dans l’éditorial qui accompagne la publication de ces recommandations, Jimmy Espinoza rappelle que la pré-éclampsie est associée à un risque cardiovasculaire ultérieur accru chez la femme, sans que l’on sache s’il s’agit là d’une conséquence de la pré-éclampsie ou d’un facteur commun prédisposant.

    Il serait donc intéressant dans de futures études d’évaluer l’impact de la prise d’aspirine au cours de la grossesse sur le risque cardiovasculaire à long terme.

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