Onco-sein
Cancer du sein localisé RH + : toujours plus d’hormonothérapie ?
Pour les patientes ménopausées avec un cancer du sein localisé surexprimant les récepteurs hormonaux, il n'y a pas de différence de survie entre 7 et 10 ans d'hormonothérapie adjuvante dans la population globale.
- ollaweila/istock
L'hormonothérapie par tamoxifène ou inhibiteur de l'aromatase est un des piliers de la stratégie adjuvante dans le cancer du sein localisé. Pendant longtemps, un traitement de 5 ans a été reconnu comme optimal. Ce dogme est actuellement remis en question avec des études retrouvant une amélioration de la survie globale en prolongeant l'hormonothérapie. La durée exacte de l'hormonothérapie optimale reste à définir.
Dans cette étude de phase III publiée dans le New England Journal of Medicine, Dr Gnant et Al ont montré l'absence de différences en survie sans maladie entre 2 ans et 5 ans d'hormonothérapie par inhibiteur de l’aromatase après 5 ans d'hormonothérapie adjuvante.
Pas de différence de survie entre 7 et 10 ans
Dans cette étude, 3484 femmes ménopausées de moins de 80 ans ayant reçu 5 ans d'hormonothérapie (tamoxifène, inhibiteur de l'aromatase ou les deux séquentiellement) pour un cancer du sein localisé ont été randomisées entre 2 et 5 ans supplémentaires d’hormonothérapie par inhibiteur de l'aromatase.
La survie sans maladie 10 ans après la randomisation est de 73,6% dans le groupe 2 ans supplémentaires contre 73,9% dans le groupe 5 ans supplémentaires (HR=0,99, IC 95% = [0,85-1,15], p=0,90). Il n'y a pas non plus de différence significative en terme de survie globale (87,5% contre 87,3%), de cancer du sein controlatéral (2,2% contre 2,1%), de 2e cancer primitif (6,2% contre 6,7%), de récidive locale (3% contre 2,4%) et de récidive à distance (5,1% contre 4,9%).
Une augmentation de la toxicité et une population non sélectionnée
À l'inverse, le nombre d’effets secondaires d'intérêt passe de 26,5% dans le groupe 2 ans supplémentaires à 40,2% dans le groupe 5 ans supplémentaires. À noter en particulier une augmentation du risque de fracture osseuse (HR=1,35, IC95%= [1,00 - 1,84]).
Dans cette étude, sont incluse les patientes avec un cancer du sein de stade I, II ou III. Beaucoup de patientes présentent donc des tumeurs à bas risque de récidive : 72,8% d'entre elles ont une tumeur de stade T1 et 66,9% sont N0. De même, 71,2% n'ont pas reçu de chimiothérapie adjuvante.
Une population non sélectionnée
Ces données encouragent, en cas de prolongation de l'hormonothérapie, à se contenter de 2 ans d'inhibiteur de l'aromatase en raison de l'absence de bénéfice en continuant 5 ans. Une étude dédiée à des patientes ayant des tumeurs à haut risque de récidive serait toutefois intéressante.











