Santé publique
4ème vague : des hospitalisations en réanimation coûteuses, prévisibles et largement évitables
Avec l’amélioration de la couverture vaccinale et le pass sanitaire, le gouvernement essaye de contenir les si coûteuses hospitalisations en réanimation et les encore plus coûteux confinements qui en découlent. Mais peut-il aller plus loin, en particulier pour sauver l’hôpital.
- Halfpoint/istock
Coûteuses, elles le sont ces hospitalisations en unité de soin intensif ! C’est près de 3000 Euros par jour, non remboursés à 100% quand il n’y a pas d’acte chirurgical, avec un « reste à charge » qui n’est le plus souvent pas payé à l’hôpital. C’est aussi un épuisement des équipes de soignants, sur la brèche depuis près d’un an et demi et qui sont encore au travail pendant ces vacances, mais à effectifs réduits.
Au-delà du coût de l’hôpital, ce sont surtout 3 confinements de plusieurs semaines depuis le début de l’épidémie, avec une large distribution d’argent public, qui permettra peut-être une reprise économique précoce, mais qui pèsera longtemps sur des comptes publics.
Enfin, pour des malades survivants à la réanimation, parfois jusqu’à 30 jours, le coût est effrayant : ce sont des souffrances terribles, un reste à charge à payer s’ils n’ont pas de mutuelle, des arrêts de travail prolongés et une rééducation sur de longs mois avec de nombreuses séquelles…
Efficacité prévisible de la vaccination
Quoique largement décriée par les anti-Vax, la vaccination démontre tous les jours sa capacité à découpler la circulation d’un variant très contagieux et la réduction des coûts ! Ce sont tout d’abord les coûts des hospitalisations en réanimation (8 fois moins fréquentes que chez les non-vaccinés selon Covidtracker) et ce sont ceux des décès (7 fois moins nombreux que chez les non-vaccinés selon Covidtracker).
Plus d’un mois après la reprise épidémique, 75% des décès en France seraient évitables grâce à la vaccination (par exemple, 22 sur 38 décès le 1er août, selon le calcul de la DRESS).
Si, effectivement, il reste toujours possible de se contaminer en étant vacciné (10 fois moins de risque que chez les non-vaccinés selon Covidtracker), les études en vie réelle démontrent jour après jour la capacité des vaccins, largement prévisible, à réduire la gravité et le coût de l’épidémie.
Réduction du coût des mesures préventives
Avec un large pourcentage de la population vaccinée, il devient possible de mettre en place des mesures limitant la diffusion de l’épidémie tout en évitant les coûts des admissions en réanimation et des reconfinements itératifs. C’est là le seul enjeu du « pass sanitaire ». Déjà expérimenté en Israël au printemps 2021, et désormais mis en place dans nombre de pays démocratiques. Son seul objectif est de ne pas saturer les réanimations tout en maintenant le pays ouvert et en activité.
Dans la mesure où il est instauré dans un cadre juridique limité dans le temps, en lien avec une catastrophe sanitaire, est-ce que le pass sanitaire est une loi liberticide ? La réponse du Conseil Constitutionnel est bien évidemment NON et il est rassurant de voir défiler chaque semaine beaucoup moins d’opposants à la vaccination (et « au pass sanitaire ») que de personnes qui se vaccinent en une seule journée.
Comme la vaccination réduit très nettement, mais n’empêche pas complètement, la contamination, il conviendra cependant de maintenir le port du masque dans les milieux à risque que sont les rassemblements en intérieur jusqu’en 2022 au moins. De même, une 3ème dose est envisagée pour les immunodéprimés.
Pourra-t-on éviter la poursuite des déficits ?
Avec la remise en cause profonde des pouvoirs publics, des experts, voire de la société française par une frange d’opposants radicaux à la vaccination, la société française ne pourra pas ne pas se poser la question de la responsabilité de coûts de réanimation, désormais largement évitables. D’autant que ceux-ci pèseront d’abord sur les hôpitaux…
En effet, en l’absence de prise en charge à 100% des séjours en réanimation hors chirurgie, le reste à charge, qui serait d’environ 1500 Euros par patient (pour une durée moyenne d’hospitalisation de 19 jours en réanimation lors de la première vague (Les Echos)), ne sera le plus souvent pas récupéré par les hôpitaux quand les malades n’ont pas de mutuelle.
Les hôpitaux, déjà déficitaires en fonctionnement normal, verront leur budget annuel durablement impacté, et ce au détriment des investissements… et des personnels (la « double peine »)... sauf à faire payer tout le monde et à revoir le système de remboursement.
Après le déremboursement des tests Covid de confort en septembre, certains se posent donc déjà la question d’un ticket modérateur en cas de séjour en réanimation pour remédier à cette situation (Les Echos). La solidarité nationale n’exonère pas de la responsabilité sociale. Au-delà, est-ce que l’on peut moralement profiter de la solidarité d’une société quand on la remet en cause de façon parfois si radicale ?











