Infectiologie

Paludisme : un vaccin atteint 77% d’efficacité, un seuil décisif selon l'OMS

Un vaccin antipaludique développé par les chercheurs de l’université d’Oxford devient le premier à atteindre l'objectif d'efficacité de 75%, fixé par l'OMS. Une arme décisive dans la lutte contre la mortalité infantile.

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  • 28 Avril 2021
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    Alors que l'OMS estime que le paludisme est à l'origine de plus de 400 000 décès chaque année dans le monde dont 270 000 enfants, et que les recherche pour traiter et prévenir le paludisme ont marqué le pas ces dernières années, des chercheurs de l'Université d'Oxford ont présenté les résultats d'un essai de phase IIb d'un candidat vaccin contre le paludisme, R21/Matrix-M, qui a démontré une efficacité de haut niveau de 77 % sur 12 mois de suivi.

    Dans leurs conclusions, publiées sur SSRN/Preprints avec The Lancet, ils notent qu'ils sont les premiers à atteindre l'objectif de la World Health Organization’s Malaria Vaccine Technology Roadmap, à savoir un vaccin dont l'efficacité est d'au moins 75 %.

    Une percée majeure

    C'est l’équipe de l'université d'Oxford, conceptrice du vaccin AstraZeneca contre la Covid-19, qui est à l’origine de cette avancée majeure, alors que plus de 100 vaccins candidats contre le paludisme ont fait l'objet d'essais cliniques au cours des dernières décennies, sans qu’aucun n’atteigne cette efficacité de plus de 75% demandée par l’OMS.

    Il s’agit d’un essai clinique de phase IIb randomisé, contrôlé, en double aveugle, qui a recruté 450 participants, âgés de 5 à 17 mois, dans la zone de Nanoro, au Burkina Faso. Trois vaccinations ont été administrées à intervalles de 4 semaines avant la saison du paludisme, avec une quatrième dose un an plus tard. La sécurité, l'immunogénicité et l'efficacité du vaccin ont été évaluées pendant un an.

    Les participants ont été répartis en trois groupes, les deux premiers groupes recevant le R21/Matrix-M (avec soit une faible dose, soit une forte dose de l'adjuvant Matrix-M) et le troisième, un vaccin antirabique comme groupe témoin. Les doses ont été administrées de début mai 2019 à début août 2019, en grande partie avant le pic de la saison du paludisme.

    Efficacité du vaccin avec adjuvant à forte dose

    Les chercheurs rapportent une efficacité vaccinale de 77% dans le groupe avec adjuvant à dose plus élevée, et de 71% dans le groupe avec adjuvant à dose plus faible, sur 12 mois de suivi, sans qu'aucun événement indésirable grave lié au vaccin ne soit rapporté.

    Suite aux résultats de cette phase IIb, une étude d’extension avec une vaccination de rappel administrée avant la prochaine saison de paludisme un an plus tard a été mis en place : les taux d'anticorps anti-NANP spécifiques du paludisme sont arrivés à un niveau élevé 28 jours après la troisième vaccination (près du double dans le groupe adjuvant forts.

    Les taux d'anticorps ont diminué au fil du temps mais sont remontés à des niveaux similaires aux titres maximaux après la série primaire de vaccinations après une quatrième dose administrée un an plus tard.

    Réduire la mortalité du paludisme

    Les chercheurs du Clinical Research Unit of Nanoro (CRUN) - Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), du Burkina Faso, ont commencé le recrutement des patients pour un essai d'homologation de phase III visant à évaluer la sécurité et l'efficacité à grande échelle chez 4 800 enfants, âgés de 5 à 36 mois, dans quatre pays africains. Ce projet est mené en collaboration avec Serum Institute of India Private Ltd. Novavax Inc.

    D’après les experts, « un vaccin efficace et sûr contre le paludisme serait une arme supplémentaire extrêmement importante dans l'arsenal nécessaire pour vaincre le paludisme, qui tue encore plus de 270 000 enfants chaque année ».

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