Infectiologie
Anticorps monoclonaux : un réel espoir dans les formes débutantes de la Covid-19
Les résultats intermédiaires de deux études confirment l’intérêt de la piste des anticorps monoclonaux dirigés contre la protéine Spike du SARS-Cov-2. Administrés précocement après le début de l’infection, ils permettent de réduire la charge virale et donc potentiellement le risque d’évolution vers une forme sévère de la maladie.
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Le recours à un traitement par anticorps monoclonaux chez certaines personnalités, alors que ce traitement en était au début de son développement, avait été largement médiatisé il y a quelques semaines.
Depuis, les évaluations cliniques ont avancé et la dernière édition du NEJM rapporte les résultats intermédiaires de deux études multicentriques américaines.
Dans les 7 jours après le début des symptômes
La première, menée par l’équipe de David Weinrich et al, a évalué l’impact de la combinaison de deux anticorps monoclonaux, le casirivimab et l’imdevimab (baptisée REGN-COV2), tous deux dirigés conte la protéine Spike du SARS-CoV-2, chez des patients ayant une infection récente et suivis en ambulatoire. Ils ont été randomisés en double aveugle dans les 7 jours après le début des symptômes et dans les 72 heures suivant la confirmation de l’infection par un test RT-PCR positif pour recevoir une injection de 2,4 ou de 8g de REGN-COV2 ou un placebo.
Sur les 275 premiers patients inclus, les auteurs rapportent une baisse de la charge virale entre J1 et J7 (critère principal d’évaluation) dans les deux bras de traitement actif.
Avant la montée des anticorps
Cette baisse de la charge virale a été plus marquée chez les sujets qui n’avaient pas encore développé d’anticorps au moment de l’injection et chez ceux qui avaient une charge virale élevée à l’inclusion.
L’étude a également analysé le nombre de patients ayant nécessité une consultation médicale dans les 29 jours après la randomisation, mais le nombre total a été faible (12).
Moins d’hospitalisations
Les résultats intermédiaires de la seconde étude, au design similaire, publiée par Peter Chen et al, soulignent aussi les bénéfices d’un autre anticorps monoclonal neutralisant, le bamlanivimab (LY-CoV555), également dirigé contre la protéine Spike, sur la baisse de la charge virale entre J1 et J11. Seule la plus élevée des 3 doses testées dans cet essai (2800 mg) s’est montrée capable de réduire significativement la charge virale.
Sur les 452 patients inclus dans l’étude, traités en moyenne 4 jours après le début des symptômes, 309 ont reçu le bamlanivimab, les autres un placebo. A J 29, une hospitalisation été rapportée chez 14 patients, 5 (soit 1,6%) dans le bras traitement actif et 9 (6,3%) dans le groupe placebo. L’étude se poursuit avec cette fois l’administration d’une association d’anticorps (bamlanivimab et etesevimab). Dans ces deux essais, la tolérance a été bonne.
La persistance de l’ARN viral dans les sécrétions nasales, un marqueur pertinent
Comme le souligne Myron Cohen dans l’éditorial qui accompagne ces deux publications, ces données semblent confirmer que la baisse de la charge virale est un objectif pertinent, les patients ayant une persistance de l’ARN viral au niveau nasal à J7 étant les plus à risque d’être hospitalisés.
Des résultats qui doivent être confirmés mais qui suscitent un réel espoir, notamment pour les personnes qui ne peuvent être vaccinées ou qui ont besoin d’un traitement prophylactique en cas d’exposition à un risque.











