Oncologie
Cancers gynécologiques : quel impact de la contraception sur leur incidence ?
La prise d’une contraception apparait comme un facteur protecteur de la survenue de cancers de l’ovaire et des cancers de l’endomètre, y compris plusieurs dizaines d’années après l’arrêt de la contraception. Un risque augmenté de cancers du sein n’est retrouvé que dans les 2 ans suivant l’arrêt de la contraception.
- Rattankun Thongbun/istock
Il est supposé que l’utilisation d’une contraception orale, en inhibant l'ovulation par l'action de la progestérone et des œstrogènes, modifie le risque de certains cancers gynécologiques, avec un caractère protecteur pour les cancers de l’ovaire et de l’endomètre et une augmentation du risque de cancer du sein.
Dans une étude observationnelle publiée dans Cancer Research par le Dr Karlsson et al, l’impact dans le temps de la prise prolongée de contraceptifs oraux sur la probabilité de ces cancers a été évalué.
Une étude à grande échelle
Cette étude a analysé 256 661 femmes issues d'une base de données anglaise nées entre 1939 et 1970. Les femmes étaient classées en deux groupes en fonction de l'utilisation ou non d'une contraception orale au cours de leur vie.
Le nombre total de cancers identifiés est respectivement de 17 739 (6,9%), 1 966 (0,76%) et 2 462 (0,96%) pour les cancers du sein, de l'ovaire et de l'endomètre.
Un facteur protecteur fort sur les cancers gynécologiques
Pour les femmes ayant utilisé une contraception orale, le risque cumulatif de développer un cancer de l'ovaire ou un cancer de l'endomètre est réduit, avec pour le cancer de l'ovaire un OR=0,72 (IC 95%=0,65-0,81) et pour le cancer de l'endomètre un OR=0,68 (IC 95%=0,62-0,75).
Cet effet protecteur est d'autant plus important que la durée de prise des contraceptifs oraux est longue (p<0,001). La diminution du risque de ces cancers est toujours observée 35 ans après l'arrêt de la contraception orale.
Un impact mineur sur le cancer du sein
L'augmentation des cas de cancer du sein chez les femmes ayant reçu une contraception orale n'est visible que jusqu'à 55 ans avec un OR=1,10 (IC 95%=1,03-1,17). Une fois mesuré sur la vie totale des patientes, ce lien n'est plus significatif avec un OR=1,02 (IC 95%=0,98-1,06). Le risque le plus important apparait 2 ans après l'arrêt de la contraception orale (HR=1,55, IC 95%=1,06-2,28) et n'est plus significatif au bout de cinq ans après l'arrêt de la contraception.
Au total, d'après ces données, la contraception orale semble être un facteur protecteur majeur pour les cancers de l'endomètre et les cancers de l'ovaire avec un sur-risque mineur de cancer du sein dont l'effet s'estompe avec le temps. Ces données pourront être mises en avant au moment du choix d’un mode de contraception par les patientes.











