Oncologie
Cancer du sein : quelle fertilité ultérieure chez les femmes jeunes ?
Chez la femme jeune avec cancer du sein, le problème de la fertilité après traitement du cancer se pose avec acuité et il doit se poser très tôt. Les patientes ayant bénéficié d’une consultation d’onco-fertilité réalisée dès le début de la prise en charge du cancer ont 2 fois plus de chance de donner naissance.
- atyana_tomsickova/istock
Actuellement, environ 10% des patientes nouvellement diagnostiquées pour un cancer du sein localisé ont moins de 45 ans, quand on sait également que l’âge moyen de la première grossesse chez la femme dans la population générale est aux alentours de 28,5 ans. La problématique de la fertilité future est dont au cœur de la prise en charge initiale des cancers du sein.
Il existe à l’heure actuelle plusieurs techniques (cryoconservation embryonnaires, cryoconservation d’ovocytes, maturation in vitro d’ovocytes, Cryopréservation du cortex ovarien…), ayant chacune leurs contraintes et contre-indication (stimulation hormonale) mais dont il existe peu de données sur l’impact sur la fertilité future.
L’étude d’une cohorte suédoise des patientes suivies pour un cancer du sein localisé ayant bénéficié d’une consultation d’onco-fertilité, comparées à un groupe contrôle, de 1994 à 2017, démontre un taux de naissance augmenté, un recours aux techniques d’aide à la procréation majoré chez les patientes ayant bénéficié d’une prise en charge précoce de la fertilité, et ceci sans retentissement négatif sur les données de survies.
Un sous-groupe de patientes aux caractéristiques spécifiques.
L’étude de Marklund et al., publiée dans le JAMA Oncology, s’est posée la question du devenir de la fertilité de ses patientes. En Suède, sur la période de janvier 1994 à juin 2017, 468 patientes ont été identifiées comme nouvellement prises en charge pour un cancer du sein localisé et ayant bénéficié d’une consultation d’onco-fertilité (F+). A ce groupe de patientes, a été apparié un panel de patientes (850) ayant la même pathologie sans prise en charge spécifique précoce de la fertilité (F-).
L’étude montre que les patientes du groupe F+, comparativement aux patientes du groupes F-, avaient au moment du diagnostic du cancer du sein, moins d’enfants (71% nullipares vs 20.1%), étaient plus jeunes (âge moyen de 32 ans vs 33.3 ans), avaient une expression des récepteurs hormonaux (68% vs 60.6%) et avaient plus souvent reçu de la chimiothérapie (93.9% vs 87.7%).
D’avantage de naissances et d’avantage d’accès aux techniques d’aide à la procréation.
Au total, 97 patientes du groupe F+ (22.8%) ont donné naissance à un enfant contre 74 patientes (8.7%) des patientes du groupes F-. Les patientes ayant bénéficié d’une consultation d’onco fertilité dès le début de la prise en charge du cancer ont donc 2 fois plus de chance de donner naissance (HR : 2,6; 95%CI : 1,9-3,5; HR ajusté : 2,3; 95% CI : 1,6-3,3). A 5 ans, l’incidence des naissances dans le groupe des patientes F+ est de 19.4% vs 8.6% dans le groupe F-, et respectivement à 10 ans de 40.7% vs 15.8%. Concernant les patientes initialement nullipares au diagnostic ce taux à 5 ans est de 19% dans le groupe F+ et 12.7% dans le groupe F- alors qu’il est respectivement de 20.2% et 7.5% pour les patientes ayant au diagnostic au moins un enfant.
Le délai moyen entre le diagnostic du cancer et l’accouchement est de 4.5 ans dans les 2 groupes.
Concernant le recourt aux techniques d’aides à la procréation, 48 patientes du groupes F+ (11.3%) ont pu en bénéficier au moins une fois, vs 10 patientes (1.2%) dans le groupe F- (HR Ajusté : 4.8; 95% CI : 2,2-10,7). Le taux de naissance après aide à la procréation est de 42% (20 des 48 patientes) dans le groupe F+ vs 30% (3 des 10 patientes) dans le groupe F-. La technique la plus utilisée dans le groupe F+ est la cryoconservation embryonnaire, pour 58% des patientes vs 22% dans le groupe F-.
Pas de sur-risque de mortalité.
Dans cette cohorte, après un suivi de plus de 5 ans, 6.4% des patientes du groupe F+ sont décédées vs 12.9% dans le groupe F-. L’incidence à 5 ans des décès toute cause est de 5.3% dans le groupe F+ vs 11.1 % dans le groupe F-.
Avec un net bénéfice, et sans augmentation du risque de mortalité, la mise en place précoce, dès le diagnostic, d’une consultation d’onco fertilité pour toute patiente jeune ou ayant un projet de grossesse future à plus ou moins court terme, doit faire partie de la prise en charge initiale globale du cancer du sein non métastatique.











