Infectiologie
Covid-19 et formes graves : une possible réponse anticorps défectueuse
Un défaut dans la réponse humorale pourrait être associée aux formes graves de la Covid-19. Une piste intéressante pour sélectionner les malades réellement à risque de passage en réanimation, voire pour prévenir, à terme, les autres infections à coronavirus.
- urfinguss/istock
Le type des IgA et les IgM évolue rapidement à tous les stades de gravité d’une maladie infectieuse en général. La survie à une infection Covid-19 pourrait dépendre de la qualité de la réponse humorale et du type d’anticorps développés chez les malades : des IgG défectueuses compromettraient la capacité à déclencher des fonctions immunitaires indispensable à la clairance du virus SARS-CoV-2.
Une maturation rapide des IgG serait liée à la survie. Par ailleurs, une réactivité croisée S2 précoce serait également associée à la survie lors d’une forme grave de la Covid-19. Ce sont les conclusions d’une étude rétrospective publiée dans la revue Cell.
Importance de la maturation des IgG
L'étude a analysé le profil et l’évolution des réponses immunitaires humorales de 193 patients hospitalisés pour Covid-19. Les chercheurs de Harvard ont comparé les réponses de patients atteints de formes modérées de la maladie à celles des malades atteints de formes graves, ainsi qu’à celles de patients décédés de la Covid-19.
Si tous les patients ont développé des anticorps contre le SARS-CoV-2, la façon dont les anticorps se sont développés, ou ont évolué au fil des stades de la maladie, diffère entre les trois groupes. Une maladie modérée est associée à un retard de maturation des IgG mais qui se fait jusqu’à son terme, au final. Pour les patients qui n'ont pas survécu à la maladie, la réponse des anticorps n'a jamais évolué jusqu’à son terme.
Réponse immunitaire défectueuse
Dans une réponse immunitaire mature, les anticorps bloquent les virus et orientent également le système immunitaire vers une destruction des cellules infectées par le virus. Pour guider cette réponse immunitaire, les anticorps se fixent au récepteur Fc que l'on trouve sur toutes les cellules immunitaires. Sans une forte liaison des IgG au récepteur Fc, les anticorps ne peuvent pas correctement capturer le virus et le détruire lors de l'infection.
Par rapport aux survivants, les patients qui sont décédés de la Covid-19 ont des anticorps qui n'ont jamais complètement développé leur aptitude à se lier fortement aux récepteurs Fc et qui ne sont donc peut-être pas capables de déclencher complètement la réponse immunitaire.
Immunité croisée
Le système immunitaire des survivants peut également reconnaître et cibler une zone de la protéine de pointe du SARS-CoV-2 appelée domaine S2. Or, ce domaine S2 se retrouve dans d'autres coronavirus qui infectent chaque hiver les hommes, de sorte que les patients dont les anticorps peuvent le cibler pourraient avoir une immunité préexistante dirigée également contre le domaine S2 du SARS-CoV-2.
Les patients dont les anticorps peuvent reconnaître les domaines S2 de différents coronavirus pourraient utiliser cette immunité préexistante pour générer des anticorps tueurs plus rapidement et plus tôt lors d’une infection par le SARS-CoV-2.
Améliorer la vaccination
Au-delà de cette maturation défectueuse des IgG, qui peut compromettre la capacité à promouvoir les fonctions immunitaires essentielles de clairance virale, l’équipe de recherche s’attache à mieux comprendre la nature de l'immunité protectrice contre le SARS-CoV-2, notamment en s'associant aux développeurs du vaccin anti-Covid-19.
Si nous parvenons à mieux comprendre l'importance de l'immunité croisée contre les coronavirus, en particulier l’importance du domaine S2, les chercheurs pourraient être en mesure de concevoir des vaccins capables de cibler un éventail beaucoup plus large de coronavirus.











