Pédiatrie

Vaccination anti-rotavirus : pas d’excès d’invaginations intestinales en Inde

La vaccination contre les rotavirus n’est pas associée à une augmentation des cas d’invagination intestinale en Inde, contrairement à ce qui a pu être rapporté lors de la surveillance post-commercialisation dans certains pays.

  • 13 Novembre 2020
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    Initialement décrits avec le premier vaccin contre les rotavirus commercialisé, ce qui avait conduit à son retrait du marché dans les pays occidentaux, les liens entre ce type de vaccin et la survenue d’invaginations intestinales aiguës (IIA) dans les suites de la vaccination font l’objet d’une surveillance étroite.

    Si une telle association n’avait pas été retrouvée dans les essais cliniques ayant évalué les vaccins de 2è génération, elle avait en revanche été mise en évidence dans les études de surveillance post-commercialisation menées en Australie, au Brésil, en Angleterre, au Mexique ou encore aux Etats-Unis. Dans ces pays, le surrisque d’invagination avait été estimé entre 1 et 7 cas supplémentaires pour 100 000 enfants vaccinés.  

    Un rapport bénéfice/risque favorable

    Cet excès de risque d’une complication rare mais potentiellement grave doit être mis en balance avec ses bénéfices potentiels en termes de prévention des diarrhées à rotavirus et leur risque de déshydratation, et l’Organisation mondiale de la santé a ainsi estimé son rapport bénéfice/risque favorable et recommandé l’introduction de ce vaccin dans les programmes de vaccination, en particulier pour les pays ayant des infrastructures insuffisantes.

    En Inde, la vaccination anti-rotavirus par un vaccin oral monovalent a été introduite en 2016 et plus de 100 millions de doses ont depuis été administrées. Les études cliniques menées avec ce vaccin sur un nombre limité de nourrissons -moins de 7000 - n’avaient pas montré de sur-risque d’IIA.

    Pas de signal après les différentes doses

    L’étude rapportée dans le NEJM porte sur les cas d’invagination intestinale confirmés survenus après l’introduction du vaccin, entre avril 2016 et juin 2019, dans 27 centres hospitaliers. Au total, l’analyse concerne 589 nourrissons ayant eu une IIA entre les âges de 28 et 365 jours.

    L’incidence relative des invaginations a été de 0,83 dans les 1 à 7 jours après la première dose de vaccin (IC 95% 0-3) et de 0,35 pour l’intervalle de 8 à 21 jours post-vaccinal (IC 95% 0-1,09). Des résultats similaires ont été observés après la 2è dose, avec des incidences de respectivement 0,86 et 1,23, ainsi qu’après la 3è dose (1,65 et 1,08). Pour les auteurs, ces données ne montrent donc pas d’augmentation du risque, à l’instar de ce qui a été observé dans des études récentes dans différents pays d’Afrique sub-saharienne et en Afrique du Sud.

    Un contraste entre les pays les plus développés et ceux en voie de développement

    Cet absence de surrisque dans les pays en voie de développement, qui contraste avec l’excès de risque observé dans des pays plus développés, pourrait être lié à l’âge plus précoce de la vaccination, à 6, 10 et 14 semaines comparativement à 2,4 et 6 mois.

    Autre explication avancée : la co-administration du vaccin anti-rotavirus avec le vaccin antipoliomyélitique oral, qui pourrait réduire sa réplication dans l’épithélium intestinal.

    Sans compter de possible facteurs environnementaux, notamment nutritionnels et microbiens, qui pourraient expliquer à la fois la moindre efficacité du vaccin constatée dans les pays en voie de développement et le moindre risque d’invagination.

    La position française

    En France, le vaccin contre le rotavirus n’est plus recommandé dans le cadre du calendrier vaccinal depuis 2015. Lorsqu’il est réalisé à titre individuel, le Haut Conseil de la santé publique rappelle que « le médecin doit informer la famille du risque d’invagination intestinale aiguë et des signes fonctionnels devant motiver une consultation en urgence (enfant algique que l’on ne peut pas calmer, vomissements, sang dans les selles, malaise) ».

    Récemment, l’Académie de Médecine comme plusieurs sociétés savantes de pédiatrie ont souligné que cette vaccination pourrait permettre de réduire le poids des infections à rotavirus sur le système de soins, fortement sollicité dans le contexte d’épidémie de Covid-19.

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