Rhumatologie
Gonarthrose : les infiltrations de corticoïdes non-délétères pour le cartilage
Par rapport aux injections intra-articulaires d'acide hyaluronique, les infiltrations de corticoïdes du genou ne seraient pas associées à un risque plus élevé d'aggravation de l'arthrose, que celle-ci soit évaluée sur la progression radiologique ou le délai de mise en place d’une prothèse totale du genou.
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Les injections intra-articulaires de corticoïdes sont une méthode de traitement des poussées congestives d’arthrose, en particulier en cas de résistance ou de contre-indication aux anti-inflammatoires non-stéroïdiens, mais un doute persiste quant à leur impact sur le cartilage restant. Pour clarifier les risques potentiels des injections intra-articulaires de corticoïdes dans la progression de l'arthrose du genou, une nouvelle étude de cohortes a comparé les infiltrations de corticoïdes aux injections d'acide hyaluronique, qui ne sont pas traditionnellement associées à une perte de cartilage (« chondroprotection »).
L'étude montre que les infiltrations de corticoïdes (en nombre limité) dans les formes modérées de gonarthrose n'accélèrent pas la progression de l’arthrose et n’augmentent pas le risque de mise en place prématurée d’une prothèse totale du genou. Cette étude comparative par rapport aux malades recevant des injections intra-articulaires d'acide hyaluronique a été présentée a à l'ACR Convergence, le congrès annuel de l’American College of Rheumatology (Abstract #1652).
Pas d’accélération de la chondrolyse
Au total, les chercheurs ont analysé 792 genoux, dont 647 traités par des injections intra-articulaires de corticoïdes et 145 par des injections d'acide hyaluronique. Le taux de chirurgie de prothèse totale du genou est plus élevé chez les patients qui ont reçu une injection d'acide hyaluronique que chez ceux ayant reçu une injection de corticoïdes.
Il n’y a pas de différence chez les patients qui ont reçu plusieurs injections lors de plusieurs examens (tout en sachant que leur nombre doit rester raisonnable). Une analyse plus approfondie montre des taux similaires de progression du pincement radiologique de l’arthrose pour les deux traitements par injection, que ce soit lors d'une seule ou de plusieurs infiltrations (lors de plusieurs examens médicaux).
Etude de cohorte
Les chercheurs ont utilisé deux grandes études de cohorte de personnes atteintes d'arthrose du genou qui ont reçu des injections de corticoïdes ou d'acide hyaluronique. Ils ont examiné les taux de progression radiographique ou les lésions articulaires observées sur les radiographies, et le taux de chirurgie de prothèse totale du genou.
Les patients de la première cohorte ont eu des visites médicales tous les 12 mois, et ceux de la seconde cohorte ont eu des visites tous les 30 mois. La progression de l'arthrose du genou a été mesurée à l'aide de deux scores standard, les scores de Kellgren et Lawrence (KL) et le pincement de l'espace articulaire médian. Les arthrosiques ayant un score de KL à 4 lors de l’inclusion et ceux ayant reçu des injections de corticoïdes ou d'acide hyaluronique dans le passé ont été exclus.
Une étude rassurante
Les options de traitement dont nous disposons dans l'arthrose du genou sont limitées. Les infiltrations de corticoïdes sont considérées comme un geste sûr et efficace pour soulager la douleur de l'arthrose du genou, en particulier au moment des poussées congestives ou en cas d’épanchement intra-articulaire de liquide synovial.
Des études récentes ont suggéré que les injections intra-articulaires de corticoïdes pouvaient être à l’origine d’un risque de progression trois fois plus élevé chez les malades souffrant de gonarthrose. Cependant, de nombreux patients ayant participé à cette étude et à d'autres études sur la corticothérapie souffrent d’arthrose du genou à un stade avancé, ce qui constitue en soi un facteur de risque de progression de la maladie.
Evaluer l’impact sur la structure du cartilage
Les chercheurs n'ont trouvé aucune association entre les injections de stéroïdes et l'aggravation radiologique ou clinique de l'arthrose du genou dans cette étude. Les futurs travaux de recherche de cette équipe porteront sur l'imagerie par résonance magnétique (IRM) des genoux après injection de corticoïdes pour arthrose.
L'IRM permet d'obtenir un aperçu plus détaillé des structures du genou par rapport aux rayons X et ces images IRM ont été obtenues dans le cadre des cohortes étudiées. Ces informations viendront s'ajouter aux résultats de cette étude et permettront aux médecins de mieux comprendre ce qui se passe dans un genou traité par infiltration de corticoïde.











