Cardiologie
Chirurgie bariatrique : elle améliore l’espérance de vie, sans la normaliser
Chez les personnes obèses, la chirurgie bariatrique permet de regagner plusieurs années d’espérance de vie comparativement à la prise en charge standard, sans toutefois rejoindre celle de la population générale.
- libre de droit (istock)
L’obésité, on le sait, est associée à des décès prématurés et selon les études, les sujets obèses perdent de 4 à 20 ans d’espérance de vie.
Des premiers résultats de l’étude nationale Suédoise SOS (Swedish Obese Subjects), publiés en 2007, avaient souligné les bénéfices de la chirurgie bariatrique sur la mortalité, qui était réduite de 30% après un suivi moyen de 10,9 ans.
Près de 25 ans de suivi
Les mêmes auteurs publient cette fois dans le NEJM des résultats à très long terme, en moyenne 24 ans après le geste chirurgical.
Ils confirment la persistance dans le temps des bénéfices de la chirurgie bariatrique sur la mortalité, qui a été de 22,8% dans le groupe chirurgie (n = 2040 patients) comparativement à 26,4% dans le groupe de patients obèses ayant reçu un traitement standard (n = 1135) (HR 0,77, IC 95 % 0,68-0,87, p<0,001).
Trois ans de vie gagnés…mais 5,5 ans de perdus
Au terme de ce suivi très prolongé, le gain d’espérance de vie ajusté chez les sujets obèses ayant été opérés a été en moyenne de 3 ans par comparaison avec ceux non opérés (IC 95 % 1,8-4,2, p<0,001).
Mais si l’on compare ces données à celles d’une cohorte de référence, l’espérance de vie des patients ayant bénéficié d’une chirurgie bariatrique reste inférieure de 5,5 ans à celle de la population générale (IC 95 % 3,4-7,6). Quant aux sujets obèses ayant eu un traitement standard, ils décèdent en moyenne 8,5 ans plus tôt que la population générale.
Les auteurs précisent que les sujets du groupe chirurgie sont un peu plus jeunes que les sujets contrôles (47,2 ans, vs 48,7 ans), ont un indice de masse corporelle plus élevé (42,4 vs 40,1) et ont plus souvent d’autres facteurs de risque cardiovasculaire (diabète, hypertension artérielle, tabagisme, hypercholestérolémie).
Décès cardiovasculaires au premier plan
Les décès chez les personnes obèses sont majoritairement d’origine cardiovasculaire. La chirurgie a permis de les réduire globalement de 30%. Les cancers, deuxième cause de décès, sont réduits de 23% dans le groupe chirurgie.
La comparaison des causes de décès dans la cohorte de sujets obèses opérés et dans la population générale met en évidence un surrisque de décès d’origine cardiovasculaire (OR 2,64, IC 95 % 1,78-3,91), en particulier par infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque ou mort subite. Les décès non cardiovasculaires (OR 1,5, IC 95 % 1,18-1,91), sont surtout imputables à des infections, des complications de la chirurgie, des traumatismes, un alcoolisme ou un suicide.
La chirurgie bariatrique est donc réellement bénéfique chez les patients obèses, mais ces derniers restent à risque de mort prématurée, notamment d’origine cardiovasculaire, probablement en raison de la persistance d’un surpoids et des séquelles athéromateuses à long terme de la dysfonction métabolique.











