Oncologie
Cancer du sein : les troubles cognitifs présents au cours de l’hormonothérapie
Les troubles cognitifs rapportés chez les femmes recevant une chimiothérapie adjuvante pour un cancer du sein s’observent aussi avec l’hormonothérapie.
- spukkato/istock
Les chimiothérapies administrées dans le traitement du cancer du sein peuvent entraîner des troubles cognitifs chez un certain nombre de femmes : c’est ce que les anglo-saxons appellent le « Chemo-brain ».
L’analyse d’un sous-groupe de patientes inclus dans étude TAILORx confirme la fréquence de ces troubles, qui surviennent de façon précoce en cas d’association d’une chimiothérapie adjuvante et d’une hormonothérapie, mais aussi de façon plus retardée après une hormonothérapie seule.
Les auteurs estiment qu’à 12 mois, 38% des femmes dans le premier groupe et 34% de celles sous hormonothérapie seule présentaient des troubles cognitifs cliniquement significatifs. Ce travail est publié dans le Journal of Clinical Oncology.
Plus d’un tiers des patientes concernées
Les chercheurs ont analysé l’évolution des scores du questionnaire (FACT-Cog), administré à l’inclusion puis à 3, 6, 12, 24, et 36 mois, sur une cohorte de 552 femmes traitées, soit par chimiothérapie et hormonothérapie, soit par hormonothérapie seule. Ce questionnaire, qui tient compte de 37 paramètres, comprend notamment les 20 items de l’échelle PCI (Perceived Cognitive Impairment).
Dans plus d’un tiers des cas, les scores du questionnaire FACT-Cog PCI sont significativement réduits à 3, 6, 12, 24, et 36 mois, comparativement à ceux rapportés à l’inclusion dans les deux groupes de traitement. Toutefois, à 3 et à 6 mois, l’amplitude de la baisse est plus élevée chez les femmes traitées par chimio- et hormonothérapie que chez celles sous hormonothérapie seule.
Cette différence s’est ensuite estompée et n’était plus significative à un an. L’évolution des scores était indépendante de l’âge, du statut ménopausique et de la présence de troubles anxieux et/ou dépressifs.
Un phénomène mal compris
L’étude TAILORx, dont les premiers résultats avaient été présentés en 2018 au congrès de l’Association américaine d’oncologie clinique (ASCO), avait montré que le recours à un score de récidive basé sur un test de signature génomique (Oncotype DX) permettait de mieux identifier les patientes susceptibles de tirer un bénéfice d’une chimiothérapie adjuvante et donc de guider le choix thérapeutique.
Les médecins du ECOG-ACRIN Cancer Research Group en charge de cette étude rappellent l’importance du choix de la stratégie thérapeutique initiale dans les cancers du sein traités précocement et la nécessité d’un suivi à long terme des patientes également sur le plan cognitif. Des recherches pour expliquer la survenue de ces troubles doivent être menées, mais d’ores et déjà, l’appellation « chemo brain » retenue jusqu’alors par les anglo-saxons ne semble plus adaptée.
Au final, le message est que la chimiothérapie entraine une baisse précoce et rapide des fonctions cognitives, qui se stabilise après une année, tandis que le déclin cognitif est plus progressif sous hormonothérapie seule.











