Cardiologie

Tabagisme : le vapotage améliore le taux de réussite du sevrage

Le recours à la e-cigarette délivrant de la nicotine, multiplie par 2,4 le taux de succès du sevrage tabagique par rapport à des conseils seuls.

  • AndreyPopov/istock
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  • 09 Avril 2020
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    Avec un taux de succès du sevrage tabagique de 21,9% à 12 semaines, contre 9,1%, les fumeurs ayant utilisé une e-cigarette délivrant de la nicotine ont été 2,4 fois plus nombreux à avoir arrêté de fumer que ceux ayant reçu uniquement des conseils de sevrage. Le recours au vapotage d’un liquide sans nicotine s’est accompagné d’un taux de sevrage de 17,3 %.

    Les résultats de cette étude canadienne, rapportés lors du dernier congrès du Collège américain de cardiologie (ACC 2020), soulignent l’efficacité à moyen terme du vapotage, qui connait un réel engouement depuis quelques années, mais dont l’impact sur le sevrage reste encore mal précisé (1).

    Plusieurs centres au Canada

    Dans cet essai multicentrique (17 sites au Canada), les 376 fumeurs inclus ont tous bénéficié d’un programme de 100 mn de séances d’aide au sevrage, réparties tout au long du suivi, et ont été divisés en 3 groupes : un tiers ont utilisé une e-cigarette délivrant de la nicotine, un tiers une e-cigarette ne délivrant pas de nicotine et un tiers n’ont rien eu de plus que les conseils. Toux ceux qui avaient reçu une vapoteuse pouvait l’utiliser autant qu’ils le souhaitaient.   

    Un tabagisme important et ancien

    Il s’agissait de sujets âgés en moyenne de 53 ans, gros fumeurs (35 ans de tabagisme, 21 cigarettes quotidiennes en moyenne à l’inclusion), tous motivés pour arrêter de fumer. Ils avaient très majoritairement déjà fait des tentatives de sevrage (90 % d’entre eux), avec l’aide de médicaments ou d’une thérapie comportementale, sans succès.  

    Etait considérée comme un sevrage réussi à 12 semaines, l’absence totale de consommation de cigarette (même une simple bouffée) au cours de la dernière semaine, attestée sur une mesure du CO expiré. Chez ceux n’ayant pas réussi le sevrage, les auteurs ont évalué l’impact de la prise en charge sur le nombre de cigarettes fumées quotidiennement : réduction de 13 cigarettes en moyenne en cas de vapotage de nicotine, de 11 pour les utilisateurs de e-cigarette sans nicotine et de 7 pour les autres.   

    Peu d’effets secondaires

    Les auteurs de ce travail, qui avait débuté avant la vague d’hospitalisations et de décès observée ces derniers mois aux Etats-Unis suite à l’inhalation de certains produits par vapotage, ont aussi analysé les éventuels effets secondaires, qui ont été peu fréquents. Un des participants a présenté une exacerbation de bronchopneumopathie chronique obstructive, sans qu’elle n’ait pu être formellement attribuée au vapotage.  

    « On manque globalement de données sur la sécurité d’utilisation des e-cigarettes. Il pourrait être judicieux de limiter leur accès aux personnes désireuses d’arrêter de fumer avec l’aide d’un médecin », a suggéré le Pr Mark Eisenberg, cardiologue et professeur à de l’Université McGill, auteur principal de l’étude.

     Le suivi des personnes inclus dans cet essai se poursuit pour une année supplémentaire, ce qui devrait permettre de mieux préciser les bénéfices à plus long terme du vapotage sur la réussite du sevrage, ainsi que son profil de sécurité.

    Eisenberg MJ : « A Randomized Controlled Trial Evaluating the Efficacy and Safety of E-cigarettes for Smoking Cessation », ACC le 30 mars 2020

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