Pneumologie

BPCO : pas de bénéfice de l’oxygène sur les résultats de la réhabilitation

Lorsqu'il existe une désaturation lors du test de marche de six minutes, l’adjonction d’une oxygénothérapie au réentraînement à l'exercice ne semble pas apporter de bénéfice mais la méthodologie pour le prouver n'est pas simple. D’après un entretien avec Olivier Le Rouzic.

  • 10 Octobre 2019
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    Une étude australienne parue en mai 2019, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à démonter si l’apport d’oxygène au cours des exercices de réhabilitation chez les sujets BPCO pouvait apporter un bénéfice. Il s’agit d’une étude randomisée, sur 7 centres, au cours de laquelle les sujets inclus étaient atteints d’une BPCO sans oxygénothérapie au repos mais avec une désaturation au test de marche. Les sujets ont bénéficié de leur programme habituel de réhabilitation sur 8 semaines, en portant des lunettes avec un débit constant de 5l/min d’oxygène ou d’air, en double aveugle. Ils ont ensuite été réévalués en fin de programme de réhabilitation et 6 mois après, sur les critères d’endurance, de qualité de vie, d’essoufflement à l’effort et d’activité au domicile.

    Une méthodologie plus précise

    Le docteur Olivier Le Rouzic, pneumologue au Centre Hospitalier Régional de Lille, explique que ce projet est parti du double constat que la moitié de sujets atteints de BPCO désaturaient à l’effort en réhabilitation, ce qui induisait une limitation de l’intensité des exercices proposés, et que l’apport d’oxygène en cours d’exercice retardait l’essoufflement. Il rappelle que des études sur ce sujet ont déjà été faites mais sans double aveugle et avec des effectifs trop faibles. Cette nouvelle étude, de meilleur niveau car randomisée et en double aveugle, a montré qu’en réalité, il n’y avait pas de différence entre le groupe « air » et le groupe « oxygène », dans les résultats en fin de réhabilitation et 6 mois après. De plus, les seuils de désaturation provoquant l’arrêt de l’exercice étaient plus bas (80%) dans cette étude, ce qui renforce les données. Les effets secondaires ont été rares : un AVC léger dans le groupe « air et un épisode d’arythmie cardiaque en cours d’exercice.

    Au final, pas de plus-value avec l’oxygène

    Olivier Le Rouzic explique qu’il s’agit d’une preuve plus importante que l’apport d’oxygène ne retentit pas sur le bénéfice de la réhabilitation car  même si, en début de programme, la récupération est plus rapide sous oxygène, au terme du programme, tous récupèrent la même capacité. Il précise également que la dyspnée est un élément subjectif dont la sensation diminue lorsque l’on sent de l’air, ce qui peut apporter un biais à cette étude, dans la mesure ou l’oxygène et l’air étaient délivrés au même débit.

    En conclusion, pour le sujet BPCO, l’apport d’oxygène lors d’une réhabilitation respiratoire n’apporte pas de bénéfice supplémentaire sur les résultats finaux, en comparaison avec l’air ambiant.

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