Pneumologie
Asthme neutrophilique : intérêt des biopsies mais encore beaucoup de mystère
L’asthme neutrophilique est mieux exploré grâce aux biopsies bronchiques mais le phénotypage d’un nouveau groupe d’asthmatiques reste encore difficile, notamment en raison d’un biais lié à la corticothérapie. D’après un entretien avec Arnaud Bourdin.
Une étude, parue en août 2019, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer les caractéristiques cliniques, fonctionnelles et biologiques de l’asthme neutrophilique. Au total, 70 sujets asthmatiques, légers à sévères, ont été inclus dans l’étude, et ont bénéficié d’une recherche des neutrophiles infiltrés, par biopsie. Vingt et un sujets ont été identifiés comme hautement neutrophiles.
Biopsies bronchiques: une méthodologie intéressante
Le Professeur Arnaud Bourdin, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, précise qu’il s’agit d’une étude intéressante car le sous-groupe des asthmatiques neutrophiliques est encore peu connu. Il précise que l’analyse par biopsie constitue une mesure plus juste que le dosage des neutrophiles dans l’expectoration induite. Il observe que plusieurs facteurs différencient les asthmatiques neutrophiliques des autres. Ces facteurs sont le tabagisme, la corticothérapie au long cours et la fonction respiratoire. De plus, les mécanismes inflammatoires semblent différents chez ces sujets. Ils sont plus allergiques et l’activation des voies IL17 et IL 22 est plus importante. La tendance à associer l’asthme neutrophilique avec les non-allergiques est donc controversée.
Un biais majeur lié à la corticothérapie
Arnaud Bourdin nuance ces résultats en évoquant un certain nombre de biais. Le premier est représenté par le faible nombre de patients neutrophiliques recensés dans cette étude. De plus, la corticothérapie provoque une augmentation es neutrophiles. Il est donc difficile de faire la part entre un mécanisme intrinsèque ou un biais du au médicament. Arnaud Bourdin rappelle également que la voie de l’IL17 a déjà été testée plusieurs fois en thérapeutique, mais sans succès. Ces critères ne sont donc pas suffisants pour décrire un nouveau phénotype d’asthme même si la méthodologie par biopsie renforce cette étude.
En conclusion, malgré des efforts méthodologiques importants, l’asthme neutrophile reste encore assez mystérieux et orphelin de traitement spécifique. Des recherches supplémentaires sont indispensables pour déterminer un nouveau phénotype d’asthme.











