Médecine interne
Sclérodermie : un agent réduit la progression de la fibrose dans le poumon
Dans la sclérodermie systémique, le nintedanib, un inhibiteur intracellulaire des tyrosines kinases, réduit la progression de la pneumopathie interstitielle mais n’a pas d’action anti-fibrosante sur la peau.
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Chez les malades souffrant de sclérodermie avec pneumopathie interstitielle, la diminution de la capacité vitale forcée (CVF) est plus faible sous nintedanib que sous placebo. Aucun bénéfice clinique antifibrosant autre n’est observé. Le profil d'effets indésirables du nintedanib observé au cours de cet essai est semblable à celui observé chez les malades atteints de fibrose pulmonaire idiopathique : les effets indésirables gastro-intestinaux, y compris la diarrhée, sont plus fréquent avec le nintedanib qu'avec le placebo. C’est étude est parue dans le New England Journal of Medicine.
Efficacité uniquement sur le poumon
Au total, 576 patients ont reçu au moins une dose de nintedanib ou un placebo, 51,9 % avaient une sclérodermie systémique cutanée diffuse et 48,4 % recevaient du mycophénolate au départ. Dans l'analyse primaire, le taux de variation annuel ajusté de la capacité vitale forcée est de -52,4 ml par an dans le groupe nintedanib et de -93,3 ml par an dans le groupe placebo (différence, 41,0 ml par année ; intervalle de confiance à 95 %[IC], 2,9 à 79,0 ; P=0,04).
Le changement par rapport aux valeurs initiales du score cutané de Rodnan modifié et du score total du SGRQ à la semaine 52 ne diffère pas de façon significative entre les 2 groupes, avec des différences de -0,21 (IC 95 %, -0,94 à 0,53 ; P = 0,58) et 1,69 (IC 95 %, -0,73 à 4,12]), respectivement.
La diarrhée, l'effet indésirable le plus fréquent, est rapportée chez 75,7 % des patients du groupe nintedanib et chez 31,6 % de ceux du groupe placebo.
Un inhibiteur de la tyrosine kinase
Le nintedanib, un inhibiteur intracellulaire des tyrosines kinases, est un traitement déjà approuvé dans la fibrose pulmonaire idiopathique. Chez ces patients, le traitement par le nintedanib, 150 mg deux fois par jour, ralentit la progression de la maladie pulmonaire en réduisant le taux de diminution de la capacité vitale forcée (CVF). Bien que la fibrose pulmonaire idiopathique et la pneumopathie interstitielle associée à la sclérodermie systémique aient des facteurs déclencheurs différents, les processus physiopathologiques des deux maladies sont recouvrants avec la transformation des fibroblastes en phénotype myofibroblastique et la formation excessive de matrice extracellulaire.
Le nintedanib a des effets antifibrotiques, anti-inflammatoires et de remodelage vasculaire dans plusieurs modèles animaux ressemblant à la sclérodermie, à la pneumopathie interstitielle associée à la sclérose systémique et à d'autres pneumopathie interstitielle fibrosantes, ce qui suggère que le nintedanib pourrait moduler les processus fondamentaux à la progression de la fibrose chez l'humain.
Un essai randomisé
Il s’agit d’un essai randomisé, en double aveugle versus placebo, afin d'évaluer l'efficacité et l'innocuité du nintedanib chez des patients atteints de pneumopathie interstitielle associée à la sclérodermie systémique. Les patients recrutés avaient une sclérodermie systémique avec apparition du premier symptôme non Raynaud au cours des sept dernières années et une tomodensitométrie à haute résolution montrant une fibrose affectant au moins 10 % des poumons.
Ils ont reçu par tirage au sort, soit 150 mg de nintedanib, par voie orale deux fois par jour, soit un placebo. Le critère principal d'évaluation est le taux annuel de diminution de la capacité vitale forcée (CVF), évalué sur une période de 52 semaines.
Une maladie auto-immune hétérogène
La sclérodermie systémique est une maladie auto-immune rare et hétérogène caractérisée par une dysrégulation immunitaire, une atteinte microvasculaire et une fibrose organique. La pneumopathie interstitielle (PI) est une manifestation courante de la sclérodermie systémique qui tend à survenir tôt au cours de la maladie. La pneumopathie interstitielle est très handicapante et est une cause majeure de décès liée à la sclérodermie systémique.
D'après les résultats de deux études randomisées à double insu (Scleroderma Lung Studies I et II[SLS-I et SLS-II]), les immunosuppresseurs tels que le mycophénolate et le cyclophosphamide sont fréquemment utilisés pour le traitement de la pneumopathie interstitielle associée à la sclérodermie systémique. De plus, des traitements ciblés sont autorisés pour traiter d'autres manifestations organiques comme l'hypertension artérielle pulmonaire et les ulcères digitaux.











