Oncologie
Cancer : le profilage ADN et ARN augmente le nombre de thérapies ciblées
Pour la première fois, l’analyse complète de l’ADN et de l’ARN de tumeurs cancéreuses a été réalisée, ce qui permet d'augmenter substantiellement le nombre de malades pouvant bénéficier d'une thérapie ciblée.
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Une nouvelle étape dans la lutte contre le cancer vient d’être franchie. Pour la première fois, des chercheurs ont dressé le profil complet de tumeurs cancéreuses : à la fois génomique (ADN) et transcriptomique (ARN). Publiés dans la revue Nature Medicine, les résultats de cette première étude du Consortium WIN et intitulée "essai WINTHER" démontrent la nécessité de procéder au profilage de l’ARN en plus des tests standards des mutations de l’ADN seuls afin de proposer à plus de patients atteints d’un cancer avancé une thérapie ciblée, plus efficace.
"La stratégie employée dans le cadre de WINTHER a permis d'obtenir une proportion plus élevée de patients traités que dans de nombreux essais médicaux de précision. Des études antérieures ont identifié des traitements potentiels pour entre 5 % et 25 % des patients, basés uniquement sur l'analyse de l'ADN", explique Richard L. Schilsky, Président du WIN Consortium et Directeur médical de l'ASCO. Aussi, ces résultats "représentent un pas important vers la réalisation de la véritable promesse de la médecine de précision en oncologie", affirme-t-il.
Un traitement personnalisé plus performant
Jusqu’ici, les traitements de précision en oncologie ne se basaient que sur la génomique, (la recherche d'une anomalie génétique sur le profilage ADN des tumeurs cancéreuses, et pas sur la transcriptomique, c’est-à-dire un test d’expression de l’ARN. Les chercheurs avaient pourtant constaté une expression accrue de l’ARN dans les tumeurs par rapport aux tissus sains.
Pour tester pour la première fois l'intérêt de la transcriptomique, les chercheurs ont sélectionné 107 des patients inscrits à l’essai WINTHER. Ces derniers avaient déjà été lourdement prétraités : un quart d'entre eux ayant déjà reçu cinq traitements ou plus. Sur ces 107 patients traités, 69 ont reçu un traitement ciblant une anomalie génétique basé sur le profilage des mutations de l'ADN et 38 sur le profilage de l'ARN. Dans l'ensemble, l'étude WINTHER a réussi à faire correspondre le traitement ciblé à 35 % des patients atteints d'un cancer avancé.
Dans cet essai, les patients ont d'abord été évalués pour déterminer s'ils présentaient des altérations ciblées des gènes responsables du cancer par séquençage de l'ADN. Ceux qui n'avaient pas d'anomalie génétique ont eu alors une analyse de l'expression de l'ARN et les chercheurs ont pu démontré que l'expression ARN peut être utilisée pour élargir les options thérapeutiques ciblées.
Une survie globale médiane de 25,8 mois
Surtout, les chercheurs ont constaté que les patients qui ont reçu un traitement ciblé en fonction de leurs altérations de l'ADN ou de l'ARN, y ont mieux répondu que les autres. Leur survie globale médiane est de 25,8 mois, comparativement à 4,5 mois pour les patients n’ayant pas bénéficié d’un profilage complet de leur tumeur. "Il est important de noter que nos résultats montrent que les patients traités avec un médicament ou un schéma thérapeutique mieux adapté au profil moléculaire de leur tumeur s'en tirent mieux", souligne Razelle Kurzrock, co-responsable de l'étude WINTHER et directrice du Centre Moores de traitement personnalisé du cancer de l'UCSD.
"L'évaluation de l'ARN est un complément important de l'analyse de l'ADN pour déterminer les traitements de précision. WINTHER s'inscrit dans une nouvelle ère de la médecine personnalisée en oncologie", conclut Josep Tabernero, vice-président du consortium WIN.











