Pneumologie
Mésothéliome : une association nivolumab/ipilinumab très prometteuse
L'immunothérapie apparait comme stratégie thérapeutique dans le traitement du mésothéliome pleural malin, en deuxième et troisième ligne, alors qu'il n’y avait encore aucune recommandation dans ce cadre. Un espoir de traitement efficace en première ligne semble poindre. D'après un entretien avec Gérard Zalcman.
- Meletios Verras / iStock
Deux études ont fait l’objet de publications coordonnées, l’une française en octobre 2018 dans le Journal of Thoracic Oncology et l’autre, néerlandaise, parue en janvier 2019 dans le Lancet Respiratory. Ces deux études ont eu pour objet d'évaluer l'efficacité de l'immunothérapie après échappement à la chimiothérapie de première ligne, dans le traitement du mésothéliome pleural malin. L'étude néerlandaise a inclus 34 sujets et l'étude française, 125 sujets, inclus en 5 mois. Les patients ont bénéficié de l'administration de nivolumab ou de l'association nivolumab/ipilinumab. Les deux stratégies thérapeutiques se sont avérées efficaces.
Une extension de l'AMM de l’immunothérapie dans le mésothéliome pleural
Le Professeur Gérard Zalcman, chef de service d’oncologie thoracique à l’hôpital Bichat, explique que les résultats de ces 2 études sont très prometteurs puisque 40% de taux de contrôle à 3 mois ont été obtenus avec le nivolumab seul et ce taux a été augmenté à plus de 50% avec l'association nivolumab/ ipilinumab. La survie globale des sujets inclus dans l'étude française a été supérieure à un an avec le nivolumab seul et supérieure à 15 mois avec l'association des deux immunothérapies. Gérard Zalcman précise que l’extension de l'AMM en traitement de deuxième ligne et probablement en première ligne constitue une révolution dans le traitement des tumeurs solides. . Une étude australienne de phase 2 est en cours et teste l'association chimiothérapie/immunothérapie en première ligne. Cette stratégie thérapeutique devrait être validée d'ici 2 à 3 ans. De plus, il a été observé que la survie est prolongée chez les sujets exprimant la protéine PDL1.
Un profil de toxicité bien contrôlé
Les deux études ont également montré qu'il n'existait pas de signal de toxicité spécifique au mésothéliome après traitement par immunothérapie. Gérard Zalcman explique que la toxicité est plus importante avec l’association nivolumab/ipilinumab puisque 3 décès ont été observés mais il explique qu’en réalité, 2 décès ont été dus à une progression de la maladie puisque survenus au cours du premier mois. Dans l’année qui a suivi le traitement, la toxicité a été moins sévère (colites, dysthyroïdies) car la prise en charge des effets secondaires de l’immunothérapie est connue et gérée, pour obtenir un profil de sécurité acceptable. Donc, à l’issue de ces 2 études, cette stratégie thérapeutique offre un profil de toxicité sans particularité avec une efficacité certaine.
En conclusion, la preuve que l’immunothérapie est un concept stratégique de choix, dans le traitement de deuxième et troisième lignes du mésothéliome pleural, est apportée par ces 2 études. L’arrivée de ce concept thérapeutique en première ligne et en association avec la chimiothérapie ne devrait plus tarder. Des études sont en cours, incluant plus de 600 patients…











