Pneumologie

Complications pulmonaires non infectieuses des greffes de moelle : une expertise de pneumologue

Les complications respiratoires tardives non infectieuses des greffes de moelle comme la bronchiolite oblitérante, représentent la première cause de mortalité. Leurs facteurs de risque ont été identifiés. D’après un entretien avec Anne Bergeron.

  • 14 Mai 2018
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    Une étude, parue dans l’European Respiratory Journal, a décrit les complications respiratoires non infectieuses des patients ayant bénéficié d’une allo-greffe de cellules souches de moelle osseuse et a également identifié les facteurs de risque précoces, en post-greffe. Il s’agit de la première étude prospective, monocentrique, avec un suivi pneumologique rigoureux sur plusieurs années. Les sujets pré-inclus ont bénéficié d’un bilan respiratoire pré-greffe puis ré-introduits dans l’étude à cent jours de la greffe et enfin suivis à 3, 6, 12, 18 et 36 mois avec une médiane de suivi de 6 ans.

    10% de bronchiolite  

    Au total, 198 patients ont été inclus. Les résultats ont montré une nette prédominance de la bronchiolite oblitérante avec une incidence cumulée à 3 ans de 10%. Puis viennent les pneumopathies interstitielles (5%), les maladies veineuses thrombo-emboliques, les pleurésies et les pneumo-médiastins.

    Le second objectif a été d’identifier les facteurs de risque de survenue de ces complications. Selon Anne Bergeron de l’hôpital Saint-Louis, spécialisée dans les complications pulmonaires en onco-hématologie, des facteurs de risque identifiés en pré-greffe ou avant J100 permettent d’anticiper sur la survenue de ces complications pulmonaires non infectieuses. Globalement, il s’agit d’un antécédent d’irradiation thoracique, du tabagisme et des infections pulmonaires datant de moins de 3 mois. Entre la greffe et J100, les sujets reçoivent beaucoup d’immunosuppresseurs ainsi que des traitements prophylactiques contre les infections bactériennes, la pneumocystose ou l’herpés. Mais les infections virales respiratoires restent problématiques, dans l’attente des traitements antiviraux, en cours de développement.

    La bronchiolite oblitérante : une réaction du greffon contre l’hôte

    Anne Bergeron insiste sur la particularité de la bronchiolite oblitérante, qui serait une complication associée à une réaction du greffon contre l’hôte (GVH). Un déclin du VEMS de 10% entre le stade pré-greffe et J100 a été observé. La GHV chronique pourrait être un facteur prédictif du risque de complications respiratoires puisqu’elle augmente de 3 fois le risque de pneumonie et de 4 fois celui de bronchiolite oblitérante. Anne Bergeron précise qu’il serait intéressant de trouver des marqueurs plus précoces de la survenue d’une bronchiolite oblitérante plutôt que d’augmenter les traitements immunosuppresseurs. Au contraire, leur diminution permettrait de limiter les infections. D’autre part, aucune association entre le busulfan ou l’endoxan et la survenue de complications pulmonaire n’a pas été démontrée.

    En conclusion, les sujets ayant bénéficié de greffe de moelle survivent longtemps et finissent par être suivis en ville. La prise en charge de leurs complications respiratoires doit être assurée par des pneumologues, qui en ont une vision plus spécialisée. Ces sujets doivent être pris en charge, comme des patients atteints de maladies auto-immunes, sachant que le risque de bronchiolite oblitérante diminue au-delà de 3 ans et un peu plus pour la pneumopathie interstitielle.

    Ecoutez...
    Anne Bergeron de l’hôpital Saint-Louis, spécialisée dans les complications pulmonaires en onco-hématologie : « Au décours d'une allogreffe de cellules souches, on décrit....»

     

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