Cardiologie

Mort subite chez les jeunes : seule une minorité est liée au sport

Après le décès brutal d'un jeune coureur sur Paris-Roubaix, une nouvelle étude révèle opportunément que le sport n’est que rarement un déclencheur de morts subites et que la plupart du temps la mort subite survient sans symptômes d’avertissement.

  • 10 Avril 2018
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    Le décès brutal du jeune cycliste belge, Michael Goolaerts, décédé dimanche soir pendant la course Paris-Roubaix nous le rappelle, chaque jour 110 morts subites se produisent en France et elle ne concernent pas que les quinqua.

    Une nouvelle étude américaine a analysé les causes des morts subites chez les jeunes et elle remet en cause quelques certitudes, en particulier chez les jeunes. Les résultats sont publiés le 10 avril 2018 dans la revue Circulation.

    Un problème de santé publique majeur

    Aux Etats-Unis, la prévention de la mort subite chez les jeunes demeure un problème de santé publique non résolu, même si l’activité sportive est un élément déclencheur reconnu de l'arrêt cardiaque. Le taux de mortalité dépasse 90% avec plus de 300 000 vies américaines perdues chaque année. Le risque d'insuffisance coronaire augmente surtout avec l’âge et par conséquent, une proportion relativement faible de morts subites liées à un syndrome coronaire aigu est retrouvée chez les jeunes.

    Des chercheurs américains ont évalué spécifiquement l’association entre des facteurs de risque cardiovasculaires standards, la mort subite et le sport comme élément déclencheur. Pour ce faire ils ont identifié des sujets âgés de 5 à 34 ans ayant fait une mort subite et les ont suivis durant 13 ans.

    Sur 3 775 morts subites, 186 (5%) sont survenus chez des personnes âgées en moyenne de 25,9 ans. Chez ces jeunes, la prévalence globale des signes avant-coureurs est faible (29%), et 26 (14%) seulement ont été déclenchés par le sport. Chez les personnes âgées de moins de 18 ans, 39% des morts subites sont associées au sport, contre 13% chez les personnes âgées de 19 à 25 ans et 7% chez celles âgées de 25 à 34 ans.

    Les maladies sous-jacentes

    Dans l’ensemble, les maladies les plus fréquemment liées à une mort subite sont les arythmies (31%), la coronaropathie (22%) et la cardiomyopathie hypertrophique (14%). Chez les jeunes participants de l’étude, il y a une prévalence élevée de facteurs de risque cardiovasculaires classiques (obésité, diabète, hypertension, hyperlipidémie, tabagisme) avec au moins un facteur observé dans 58% des cas, l’obésité étant le plus fréquent.

    Par ailleurs, moins d’un tiers des morts subites chez les jeunes adultes a des symptômes annonciateurs avant l’évènement létal, et l’activité sportive n’est un évènement déclencheur que dans 14% des cas. Parmi les 7 morts subites liées au sport, trois sont accompagnés d’angine de poitrine, deux de palpitations et une seul de vertiges et douleurs abdominales. Sur les 30 morts subites non liées au sport, 14 sont accompagnés d’une angine de poitrine, 2 de palpitations, 2 de vertiges et 11 d’autres symptômes (douleurs abdominales ou nausées, fatigue ou céphalées).

    Un surpoids est observé dans 22% des cas (40% d’obèses), un diabète dans 9,2% des cas, une hypertension dans 14,9% des cas et des antécédents de tabagisme dans 25% des cas.

    Une approche globale pour la prévention

    Ces résultats confirment la nécessité d’une approche globale dans la prévention de la mort subite chez les jeunes adultes et ils soulignent le fait que les questionnaires de dépistage de la mort subite reposant uniquement sur les symptômes ne peuvent pas être efficaces pour l'évaluation du risque dans cette population.

    Les chercheurs concluent que le sport est un élément déclencheur de mort subite dans une minorité de cas et que chez la plupart des patients, cette dernière survient sans symptômes annonciateurs. Des facteurs de risque cardiovasculaire standards ont été retrouvés chez plus de la moitié des patients, ce qui souligne le rôle potentiel des approches de santé publique permettant de dépister les facteurs de risque cardiovasculaire à un âge précoce.

    Cela pourrait être réalisé lors de visites de routine chez les enfants et les jeunes adultes par exemple.

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