Addictologie
Sevrage tabagique : les traitements médicamenteux n'augmentent pas le risque cardiovasculaire
Une nouvelle étude américaine révèle que les médicaments du sevrage tabagique n’augmentent pas le risque cardiovasculaire.
- Marc Bruxelle
Dans une étude récente, des chercheurs américains rapportent que les traitements médicamenteux anti-tabac n’augmentent pas le risque cardiovasculaire. Leurs résultats ont été publiés dans le JAMA du 9 avril 2018.
Le tabagisme, qu’il soit actif ou passif, est associé à un risque accru d’infarctus du myocarde, d’AVC, de fibrillation auriculaire, de mort subite, d’aggravation de l’insuffisance cardiaque et d’augmentation du taux de thrombose après revascularisation coronarienne. Aux Etats-Unis il existe un guide de pratique clinique relevant du Service de santé publique qui recommande l’utilisation de pharmacothérapies pour arrêter de fumer.
Varéniciline, buproprion et substituts nicotiniques
Pour arrêter de fumer, trois classes de pharmacothérapie sont recommandées. La problématique réside dans le fait que la nicotine augmente la fréquence cardiaque, la pression artérielle et le travail du myocarde, et libère l’épinéphrine, d’où une crainte de risque d’ischémie myocardique. Toutefois, les fumeurs développent habituellement une tolérance aux effets cardiovasculaires de la nicotine et reçoivent généralement moins de nicotine via les substituts nicotiniques qu’en fumant.
Le buproprion est un analogue d’amphétamine sympathomimétique pouvant par conséquent augmenter la fréquence cardiaque et la pression artérielle. La varéniciline a des effets sur la fonction endothéliale et/ou l’angiogenèse contribuant potentiellement à des effets cardiovasculaires indésirables.
Pas de risque accru d'évènement cardiovasculaire
Dans un essai clinique randomisé, des chercheurs ont évalué l’innocuité cardiovasculaire des pharmacothérapies de désaccoutumance au tabac : la varéniciline, le bupropion et les substituts nicotiniques. Les participants étaient généralement en bonne santé mais nombre d’entre eux avaient des facteurs de risque cardiovasculaire comme une hypertension (23%), une dyslipidémie (18%), un diabète (6%). Leurs profils de risque cardiovasculaire déterminé par le score de Framingham était élevé chez 8% d’entre eux et moyen chez 22%.
Chez les 8 058 participants, les chercheurs ont montré que l’incidence des évènements cardiovasculaires majeurs durant le traitement et le suivi était faible et ne différait pas selon le traitement.
Ces résultats prouvent qu’au sein d’une population générale de fumeurs, les médicaments de sevrage tabagique n’augmentent ni la fréquence cardiaque, ni la pression artérielle ni le risque d’évènements cardiovasculaires graves.











