Psychiatrie

Dépression : la thérapie cognitive associée aux antidépresseurs améliore les patients

Après un trouble dépressif majeur, la thérapie cognitive est tout aussi efficace que le traitement antidépresseur dans la prévention de la récidive, selon une nouvelle étude.

  • KatarzynaBialasiewicz
  • 05 Avril 2018
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    Des chercheurs ont mené une étude visant à déterminer quelle est la meilleure prévention après un trouble dépressif majeur. Ils ont comparé l’efficacité du traitement antidépresseur de maintien à la thérapie cognitive préventive associé à des antidépresseurs, et à cette association mais avec diminution du traitement antidépresseur.
    Leurs résultats ont été publiés dans le Lancet le 3 avril 2018.

    Le syndrome dépressif majeur, un fardeau

    Selon les chercheurs, le syndrome dépressif majeur devrait se classer au deuxième rang en 2030 en termes de coûts de soins. Ceci étant en grande partie du à la nature hautement récurrente de cette pathologie. Une stratégie de prévention est donc indispensable chez les patients à haut risque de rechute ou de récidive.

    Après un trouble dépressif majeur, on met généralement en place une stratégie médicamenteuse préventive visant à éviter tout risque de rechute ou de récidive. Cette dernière repose actuellement sur l’utilisation d’antidépresseurs. Cependant, il semblerait que certaines personnes développent une sorte de résistance aux propriétés prophylactiques des antidépresseurs lors d’une durée d’exposition importante. Une alternative pourrait voir le jour à travers les thérapies cognitives préventives.

    La pertinence de la thérapie cognitive

    Les chercheurs ont analysé au cours d’un essai contrôlé randomisé de 24 mois le nombre, la durée et la sévérité de la récurrence du syndrome dépressif majeur chez des patients ayant déjà eu au moins deux épisodes dépressifs. Tous étaient en rémission après un traitement antidépresseur instauré depuis au moins 6 mois (un ISRS dans 80% des cas). 

    Les participants étaient répartis en trois groupes : le premier recevait un traitement antidépresseur, le deuxième suivait une thérapie cognitive préventive tout en diminuant le traitement antidépresseur, le troisième suivait la thérapie cognitive préventive sans réduire la posologie du traitement antidépresseur. 

    En pratique, le taux de récidive du groupe antidépresseurs associés à la thérapie cognitive était significativement plus faible que dans les deux autres groupes. Par ailleurs, aucune différence significative dans le nombre ou la sévérité des récidives n’a été observée entre les antidépresseurs seuls et la thérapie cognitive préventive avec diminution des antidépresseurs.

    Cet essai clinique randomisé a montré que les antidépresseurs seuls ne sont pas supérieurs à la thérapie cognitive préventive avec diminution du traitement antidépresseur d’entretien en termes de risque de rechute ou de récidive. Cependant, l’association de cette thérapie au traitement antidépresseur a entraîné une diminution de 41% du risque par rapport aux antidépresseurs seuls.

    Cette thérapie pourrait en pratique être mise en place chez les malades qui souhaitent arrêter le traitement antidépresseur après leur phase de rémission. Cela implique un changement majeur en pratique clinique étant donné que le traitement antidépresseur de maintien est la stratégie préventive la plus fréquemment utilisée dans les troubles majeurs récidivants. Sans compter le fait que cette stratégie éviterait aux patients les effets secondaires des traitements antidépresseurs, généralement responsables d’un manque observance.

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