Pneumologie
Cancer à petites cellules : remise en cause de l’irradiation cérébrale prophylactique
Selon une étude, l’irradiation cérébrale prophylactique en l'absence de métastase cérébrale à l’IRM n’allonge pas la survie des malades souffrant d’un cancer du poumon à petites cellules disséminé. Une remise en question des recommandations actuelles.
- sudok1/epictura
Dans le traitement du cancer bronchique à petites cellules disséminé, à quels patients doit-on proposer une irradiation cérébrale prophylactique ? Une étude réalisée au Japon apporte des éléments de réponse à cette question qui fait débat.
En 2007, une étude européenne de phase III faite par l’EORTC avait en effet montré que l’irradiation cérébrale prophylactique après la chimiothérapie réduisait l’incidence des métastases cérébrales symptomatiques et prolongeait la survie globale des malades souffrant d’un cancer de stade étendu. Ces résultats positifs avaient conduit à l’époque à un changement des recommandations et des pratiques. Cependant, des doutes subsistaient au regard de l’absence d’imagerie cérébrale réalisée en routine avant l’irradiation dans cette étude, une absence qui pourrait expliquer ses effets bénéfiques.
Pas d’amélioration de la survie globale
Les résultats de l’étude japonaise qui viennent d’être publiés étaient donc très attendus pour apporter une réponse à ces critiques et préciser la conduite à tenir chez ces patients. Il s’agit d’une étude ouverte, randomisée, de phase III, réalisée dans 47 centres. 224 patients souffrant d’un cancer bronchique à petites cellules de stade étendu qui avaient répondu à une chimiothérapie à base de doublet de platine et n’avaient pas de métastase cérébrale à l’IRM ont été inclus. Ils ont été randomisés (1:1) pour recevoir soit une irradiation cérébrale prophylactique de 25 Gy en 10 fractions (N = 113), soit une simple surveillance (N = 111).
L’étude a été arrêtée prématurément devant la non supériorité de l’irradiation cérébrale prophylactique lors de l’analyse intermédiaire programmée. L’analyse finale confirme cette dernière et montre que la survie globale, qui est le critère principal de l’étude, n’est pas améliorée (médiane de 11,6 mois pour l’irradiation vs 13,7 mois pour la surveillance, p = 0,094). Dans cette étude, l’irradiation cérébrale prophylactique n’apparaît donc pas essentielle pour traiter les cancers à petites cellules disséminé en réponse à la chimiothérapie en l’absence de métastases cérébrales confirmée par l’IRM, d’autant que l’irradiation entraîne une certaine morbidité.
D’après un entretien avec le Pr Philippe Giraud, oncologue radiothérapeute, HEGP, Paris












