Psychiatrie
Electroconvulsivothérapie : données rassurantes sur le risque de décès
Une méta-analyse démontre le risque extrêmement réduit de décès après ECT, y compris chez des sujets âgés et co-morbides.
- lucidwaters/epictura
L’électroconvulsivothérapie (ECT) est considérée comme un traitement de référence dans les formes sévères de la dépression et dans d’autres troubles mentaux, mais son utilisation est limitée par la peur des malades et des familles. Une méta-analyse sur 15 études et 32 pays, menée par une équipe de chercheurs de l'Université d'Aarhus au Danemark, montre que cette crainte est sans fondement.
Seize cas de décès liés à l'ECT ont été signalés dans les 15 études analysées, ce qui donne un taux de mortalité lié à l'ECT de 2,1 pour 100 000 traitements (IC 95%: 1,2-3,4). De plus, dans les neuf études qui ont été publiées après 2001 (couvrant 414 747 ECT), il n'y a eu qu'un seul décès lié à l'ECT.
Une méta-analyse sur 766 180 ECT
L'étude a été menée dans le respect des recommandations pour les évaluations systématiques et les méta-analyses (PRISMA). Le taux de mortalité liée à l'ECT a été calculé en fonction du nombre total de décès liés à l'ECT rapportés dans les études incluses divisé par le nombre total de traitements ECT.
Le taux de mortalité liée à l'ECT a été estimé à 2,1 pour 100 000 traitements alors qu’en comparaison, le nombre de décès par chirurgie sous anesthésie générale a récemment été estimé à 3,4 pour 100 000 chirurgies. Ces résultats montrent que les décès causés par l’ECT sont extrêmement rares.
En pratique
Les psychiatres sont convaincus de l’intérêt thérapeutique de l’ECT dans les formes sévères de dépression, de manie ou de psychose, mais ils sont souvent confrontés à la peur des familles et des malades, ce qui limite l’utilisation de cette technique. Les craintes des familles et des malades portent légitimement sur les troubles mnésiques, fréquents et parfois sévères avec cette technique, mais surtout sur la peur de mourir.
Cette analyse systématique démontre que le risque de décès à la suite d’une ECT est très faible, d’autant que sur les études les plus récentes (414.747 ECT enregistrés dans les études publiées après 2001), un seul décès lié à l’ECT a été enregistré. Le risque est donc très faible, y compris chez les nombreux malades âgés atteints de comorbidités.
L'idée d'un courant électrique leur traversant la tête est très désagréable pour de nombreux malades et leur famille, et certains ont du mal à oublier les représentations effrayantes d'ECT dans des films tels que « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». Ceux-ci ont pourtant peu de ressemblance avec la réalité où les malades sont non seulement anesthésiés, mais reçoivent aussi des myorelaxants qui empêchent les convulsions. Cette peur empêche ou retarde des traitements qui sont pourtant très rapidement efficaces pour de nombreux malades souffrant de psychose grave, de manie ou de dépression.
Au final, l’électroconvulsivothérapie, comme la plupart des traitements, a des effets secondaires, tels les maux de tête et les nausées, mais c’est surtout les troubles de la mémoire qui posent le plus de problèmes et les médecins n’ont pas trouvé de parade pour ces troubles qui sont parfois gênant. Un essai récent associant la kétamine à l’ECT ne montre pas d’intérêt pour cette association.











