Rhumatologie

Douleur chronique : 23 millions de Français seraient concernés

Près de 42% des Français souffrent de douleurs chroniques, souvent mal prises en charge, avec de lourdes conséquences.

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  • 20 Octobre 2025
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    Près d'un Français sur deux vit avec une douleur persistante. 

    À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la douleur, le dernier baromètre de la fondation Analgesia tire la sonnette d'alarme sur "une crise silencieuse" : 42 % des adultes, soit 23,1 millions de personnes, sont touchés par des douleurs chroniques. Une réalité méconnue, aux conséquences profondes.

    Un parcours de soins chaotique

    D’après cette enquête menée auprès de quelque 12.000 Français, les douleurs musculosquelettiques sont les plus fréquentes (36 %), devant les douleurs orofaciales (33 %), abdominales (15 %) et neuropathiques (12 %). Des souffrances qui s'invitent dans le quotidien, souvent "intenses" : "Près d’une personne concernée sur deux présente des douleurs supérieures à 6 sur 10", indique l'institut de recherche. "La douleur chronique, c’est vivre avec une douleur quasi-constante depuis au moins trois mois", rappelle Nicolas Authier, médecin psychiatre et président de la fondation Analgesia, au micro de France Info.

    Malgré l’ampleur du phénomène, la prise en charge reste largement insuffisante : seul un tiers des patients se dit satisfait. "Il n'y a qu'un tiers des patients souffrant de douleur chronique qui sont satisfaits de leur prise en charge, ça nous laisse quand même des millions de Français dans un grand désarroi", déplore le professeur. Le constat est sévère : la plupart des soins sont assurés par les médecins traitants, alors que les recommandations officielles plaident pour une approche pluriprofessionnelle. "Très peu de médecins sont bien formés à la douleur chronique", rappelle le Dr Marc Lévêque, neurochirurgien à l’hôpital Clairval de Marseille, à France Info.

    Un recours massif à l’automédication

    L’impact de la douleur chronique dépasse le simple inconfort physique. Près de 36 % des patients souffrent d’un handicap fonctionnel modéré à sévère. Problèmes de sommeil, dépression et isolement social sont autant de conséquences dévastatrices. Dans les cas les plus graves, certains malades en viennent à envisager le suicide.

    Face à un système de soin débordé, 87 % des patients se tournent vers l’automédication, souvent sans suivi. Paracétamol, anti-inflammatoires, mais aussi opioïdes : 16 % des personnes utiliseraient ces derniers sans prescription. Une situation qui accroît les risques d’accoutumance et d’effets secondaires graves.

    Alors que les 270 centres contre la douleur en France sont saturés, la fondation Analgesia plaide pour un changement profond. Au menu des revendications : une meilleure formation des médecins généralistes, un meilleur accès aux structures spécialisées et davantage de financements pour la recherche. "Ça fait des dizaines d'années que l'innovation est en berne et qu'on n'a pas découvert de nouvelles molécules", alerte le Pr Authier.

     

     

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