Addictologie
Cannabis au volant : plus de 40% des conducteurs décédés dans un accident
Une étude menée dans le Maryland, un comté aux Etats-Unis où le cannabis est légal depuis peu, révèle que près d’un conducteur décédé sur deux avait consommé du cannabis juste avant l’accident.
- EyeEm Mobile GmbH / istock
Ces dernières années, aux Etats-Unis, dans un comté du Maryland où le cannabis est légal depuis peu, plus de 40 % des conducteurs morts dans des accidents de la route auraient eu du THC actif dans le sang. C’est la conclusion d’une étude récemment présentée au congrès annuel de l’American College of Surgeons (ACS), qui relance le débat sur les risques de la consommation de cannabis au volant.
L’annonce outre-Atlantique fait écho au récent bilan des contrôles de cars scolaires en France : sur près de 30.000 dépistages effectués entre janvier et fin août 2025, 182 conducteurs ont été testés positifs à l’alcool ou aux stupéfiants, dont 119 à un stupéfiant et 63 à l’alcool. Des chiffres qui montrent que la conduite sous influence est plus répandue qu’on ne le pense.
La légalisation du cannabis n’a rien changé
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs de la Wright State University, dans l’Ohio, ont analysé les dossiers de 246 conducteurs décédés entre 2019 et 2024 dans le comté de Montgomery, dans le Maryland, qui a légalisé en 2023 l'usage récréatif et la vente au détail du cannabis. Parmi eux, 41,9 % avaient des traces actives de delta-9-tétrahydrocannabinol ou THC, la molécule psychoactive du cannabis. Les taux mesurés, en moyenne de 30,7 nanogrammes par millilitre, dépassent largement les seuils légaux de conduite fixés entre 2 et 5 ng/mL dans la plupart des Etats.
"J’ai été surpris de voir un tel niveau, confie le professeur Akpofure P. Ekeh, auteur principal de l'étude, dans un communiqué. Une concentration de 30,7 ng/mL signifie que ces personnes ont consommé du cannabis peu de temps avant de prendre le volant. Il ne s’agit pas d’une consommation résiduelle, mais bien d’une consommation récente."
Les scientifiques ont comparé les données avant et après la légalisation du cannabis récréatif en Ohio il y a deux ans. Contre toute attente, le taux de conducteurs testés positifs n’a pas significativement varié : 42,1 % avant la légalisation, contre 45,2 % après. Autrement dit, la modification de la loi n’a pas eu d’impact mesurable sur le comportement des conducteurs. L’analyse montre également que le taux de positivité au THC est resté stable au fil des six années de l'étude, confirmant un risque chronique et persistant.
Il faut considérer le cannabis comme l’alcool
Pour les chercheurs, ces données illustrent un problème majeur de santé publique. "Le discours dominant ces dernières années a été centré sur la légalisation du cannabis, regrette le Dr Ekeh. Mais on n’a pas assez insisté sur les risques et les dangers potentiels pour la santé. Les gens devraient considérer le cannabis comme l’alcool : il ne faut ni fumer ni conduire dès lors que l’on a consommé."
Et pour cause : une récente étude, publiée dans la revue Clinical Chemistry, avait montré que fumer du cannabis, même peu, allonge considérablement le temps de réaction sur la route, ce qui augmente les risques d’accident. De 17 %, il passe à 20 %. "Une éternité dans le contexte de conduite", alertent les chercheurs.
Pour rappel, depuis 2017 en France, les policiers et gendarmes ont la possibilité d’effectuer des tests salivaires sur la route, et cela même en l’absence d’infraction.











