Gériatrie

Longévité : les femmes vivent vraiment plus longtemps que les hommes

La différence de longévité entre les hommes et les femmes s’enracine dans la biologie, les comportements reproductifs et l’histoire évolutive des sexes selon une vaste étude menée sur plus de 1.100 espèces.

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  • 05 Octobre 2025
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    Partout dans le monde, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Ce constat, aussi universel qu’ancien, intrigue depuis longtemps les chercheurs.

    Si les progrès médicaux ont permis de réduire cet écart dans certains pays, une vaste étude internationale révèle que cette différence est loin de disparaître. Et pour cause, elle serait inscrite au plus profond de l’histoire de notre évolution.

    Un avantage génétique lié aux chromosomes ?

    Une équipe de l’institut de recherche Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, à Leipzig en Allemagne, a analysé les données de plus de 1.100 espèces de mammifères et d'oiseaux vivant en captivité. Leur objectif : comprendre pourquoi les espèces vieillissent différemment selon le sexe. Les résultats, publiés dans Science Advances, confirment la tendance : dans 72 % des cas de mammifères étudiés, les femelles vivent en moyenne 12 % plus longtemps. Mais chez les oiseaux, le schéma s’inverse : dans 68 % des cas, ce sont les mâles qui vivent plus longtemps, avec un avantage moyen de 5 %.

    Selon l’hypothèse du sexe hétérogamétique, les différences chromosomiques joueraient un rôle clé. Chez les mammifères, les femelles possèdent deux chromosomes X, tandis que les mâles ont un X et un Y, plus vulnérable aux mutations. En revanche, chez les oiseaux, ce sont les femelles qui sont hétérogamétiques, avec un couple ZW contre ZZ pour les mâles. Ce mécanisme pourrait expliquer une partie des différences de longévité, mais pas tout.

    "Certaines espèces présentent le schéma inverse, note Johanna Stärk, autrice principale de l’étude, dans un communiqué. Par exemple, chez de nombreux rapaces, les femelles sont à la fois plus grandes et vivent plus longtemps que les mâles. Les chromosomes ne peuvent donc pas tout expliquer.

    Rôles sociaux et reproduction : des facteurs clés

    Les stratégies et comportements de reproduction influencent aussi fortement la durée de vie. Grâce à la sélection sexuelle, chez les mammifères polygames, les mâles en particulier développent des caractéristiques visibles telles qu'un plumage coloré, des armes ou une grande taille corporelle. Ce qui augmente leurs chances de se reproduire mais peut raccourcir leur espérance de vie, selon l’étude. Au contraire, les espèces monogames, souvent chez les oiseaux, montrent un écart de longévité réduit, du fait d’une pression concurrentielle plus faible.

    L’investissement parental semble aussi jouer. Chez les primates, les femelles, qui s’occupent plus longuement de leurs petits, vivent souvent plus longtemps. Ces années de vie supplémentaires seraient donc un avantage adaptatif : elles survivent jusqu'à ce que leur progéniture soit indépendante ou sexuellement mature.

    Même dans les zoos

    Pour tester l’influence de l’environnement, les chercheurs ont étudié des animaux vivant en zoo. Résultat : l’écart de longévité y est atténué, mais rarement supprimé. Comme chez les humains, les conditions de vie et les soins médicaux réduisent les différences, sans pour autant les faire disparaître.

    Autant d’éléments qui expliquent pourquoi, même avec les meilleures conditions de vie, les femmes continueront sûrement à vivre plus longtemps que les hommes.

     

     

     

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