Psychiatrie

Santé mentale : une crise silencieuse mais profonde fragilise les étudiants

En 2025, la santé mentale des étudiants atteint un point critique, selon un baromètre national réalisé par Ipsos BVA. Stress chronique, troubles du sommeil, isolement, perte de sens… une crise silencieuse mais profonde qui fragilise toute une génération, en particulier chez les femmes.

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  • 01 Octobre 2025
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    Moins d’un étudiant sur deux (45 %) se déclare en bonne santé mentale ; trois sur cinq (60 %) présentent une suspicion de détresse psychologique ; et 38 % envisagent même d’abandonner leurs études. L

    es chiffres du premier Baromètre National sur la Santé Mentale des étudiants, réalisé par Ipsos BVA pour la plateforme Teale et l’école IÉSEG, sont alarmants. Alors que la santé mentale a été consacrée Grande cause nationale pour l’année 2025, ils dessinent les contours d’une crise silencieuse mais profonde qui fragilise toute une génération.

    Le risque du décrochage massif chez les étudiants

    Stress chronique, troubles du sommeil, perte de confiance en soi, isolement : les signes de mal-être se multiplient. Selon l’étude, 56 % des étudiants se sentent constamment tendus, 52 % dorment mal, et 46 % se disent plus souvent déprimés. Pire encore, 33 % vont jusqu’à se considérer comme "quelqu’un qui ne vaut rien". "Ces signaux ne relèvent pas d’un malaise passager mais d’une véritable crise structurelle", alerte le baromètre.

    Le mal-être n’est pas sans conséquences sur le parcours universitaire. Près de 60 % des étudiants peinent à suivre le rythme des cours ou à se concentrer. Résultat : 38 % envisagent d’arrêter leurs études, avec un pic de 47 % dans les filières littéraires et artistiques. "Il ne s’agit pas seulement de trajectoires individuelles interrompues, mais d’une perte collective de compétences et de talents", souligne l’étude.

    L’entrée dans l’enseignement supérieur s’accompagne souvent d’un isolement brutal. Chez les primo-entrants, 57 % se sentent seuls et 42 % estiment que personne ne cherche à les aider. Une vulnérabilité accrue qui appelle un accompagnement spécifique dès la première année.

    Les étudiantes, doublement exposées

    Autre enseignement du baromètre, les femmes sont les premières victimes de cette crise : seules 37 % se disent en bonne santé mentale, contre 53 % des hommes. En plus d’une plus grande fragilité psychologique, elles sont massivement exposées aux violences : 30 % rapportent avoir subi plusieurs formes d’agressions. "Ignorer cette dimension genrée, c’est condamner une partie de la jeunesse à affronter seule un fardeau disproportionné", avertit le rapport.

    Enfin, il apparaît que le sentiment de solitude est renforcé par la difficulté à demander de l’aide. Bien que 64 % des étudiants sachent que leur établissement propose des dispositifs de soutien, 54 % ignorent vers qui se tourner. Près d’un sur deux n’utiliserait pas ces ressources en cas de besoin. Et pour cause, le tabou autour de la santé mentale persiste : peur du jugement, manque de confiance... Face à l’ampleur de cette crise, les auteurs appellent à une mobilisation collective : établissements, pouvoirs publics, mais aussi la société toute entière.

     

     

     

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