Gynéco-obstétrique
Diagnostic de l'endométriose : l’Endotest reste insuffisamment évalué
Basé sur l'analyse des micro-ARN présents dans la salive, l’Endotest promettait de diagnostiquer l’endométriose grâce à un simple test salivaire. Remboursé depuis 2024, il suscite pourtant des doutes dans une partie du corps médical.
- dusanpetkovic / istock
Peut-on vraiment détecter l'endométriose grâce à un simple test salivaire ? Depuis son lancement médiatique en 2022, l'Endotest de la biotech française Ziwig alimente autant les espoirs que les controverses.
Porté par des promesses de dépistage précoce, et soutenu par l'État, ce test suscite aussi le scepticisme d'une partie de la communauté scientifique.
La promesse de repérer "toutes les formes d'endométriose"
Basé sur l'analyse des micro-ARN présents dans la salive, l'Endotest s'appuie également sur l'intelligence artificielle pour poser un diagnostic. D’après Ziwig, il s'agit d'une "révolution" capable de repérer "toutes les formes d'endométriose, même les plus complexes". Une avancée potentielle pour les millions de femmes concernées par cette maladie douloureuse, encore trop souvent sous-diagnostiquée.
Le gouvernement français n'a pas tardé à s'engager. En 2024, la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq saluait "l'excellence française en matière d'innovation médicale". Le test a été intégré au "forfait innovation" de la Haute Autorité de santé (HAS), permettant son remboursement pour 25.000 femmes, soit un coût de 21 millions d'euros pour l'Assurance maladie.
Mais certains scientifiques, interrogés par l’AFP, s'interrogent. "La première étude n'était vraiment qu'un point de départ", estime Kevin McConvay, statisticien britannique. Des experts rappellent que les données actuelles ne reposent que sur deux études, dont la première ne concernait que 200 patientes françaises très ciblées. "Peut-on vraiment généraliser un outil conçu sur une population aussi restreinte ?", interroge Bianca Schor, chercheuse à Amsterdam.
Des preuves encore insuffisantes
La Haute Autorité de la Santé (HAS) reconnaît elle-même que des "limites subsistent" et exige une étude indépendante pour confirmer l'utilité clinique. Par ailleurs, le cadre fixé par la HAS est bien plus restrictif que les promesses initiales de Ziwig : au lieu d'une détection précoce, le test n'est désormais plus envisagé qu'après des examens cliniques et d'imagerie infructueux, pour éviter une chirurgie.
Pour Ludivine Doridot, chercheuse à l'Inserm, "cela ne va pas aider d'autres sociétés à développer des technologies qui pourraient demain avoir un impact bénéfique". Elle regrette un soutien public massif à l’Endotest alors que d'autres pistes de laboratoires, comme le perfectionnement de l'échographie, peinent à être financées.
De son côté, Ziwig défend sa méthodologie : "Il n'y a aucun produit à l'échelle mondiale qui a cette qualité", affirme son président Yahya El Mir.











