Médecine générale

Médicament : gaspillage incroyable selon la Cour des comptes

En ville, le montant des médicaments jetés sans avoir été utilisés a représenté entre 561 millions et 1,735 milliard d’euros en 2023, selon l’estimation de la Cour des comptes. 

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  • 06 Septembre 2025
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    C’est peut-être une piste pour atteindre les 43,8 milliards d’euros d’économies nécessaires, selon le gouvernement, pour ramener le déficit public à 4,6 % en 2026.

    Ce vendredi 5 septembre, la Cour des comptes a publié "Le bon usage des produits de santé”" un document dans lequel l’instance pointe le gaspillage que représentent les médicaments jetés sans avoir été utilisés. 

    Médicaments : jusqu’à 1,7 milliard d’euros par an 

    Dans notre boîte à pharmacie, nous avons tous d’anciens traitements qui ne nous serviront plus. Lorsqu’ils sont périmés, il faut les ramener à l’officine pour qu’ils soient recyclés. Cette procédure "ne consiste pas à les réutiliser pour de nouveaux patients ou à les expédier dans d’autres pays, précise l’Assurance Maladie. Il ne s’agit pas non plus de les transformer pour fabriquer de nouveaux médicaments."

    Le recyclage des médicaments est leur traitement au sein d’une filière spécifique pour limiter leur impact sur l’environnement. Ils sont donc détruits, souvent par incinération, sans avoir été utilisés. La Cour des comptes parle de gaspillage, car ces médicaments non utilisés sont en grande partie financés par l’Assurance Maladie.

    L’instance a chiffré les pertes à partir des tonnages collectés par l’éco-organisme Cyclamed. Ainsi, selon les calculs, la valeur financière des médicaments non utilisés et jetés en ville serait comprise "entre 561 millions et 1,735 milliard d’euros par an, selon que sont inclus ou non les médicaments les plus onéreux”. À titre de comparaison, en 2023, les dépenses de remboursement des produits de santé par l’Assurance Maladie ont représenté 36,05 milliards d’euros. 

    Deux boîtes de médicaments jetées par Français 

    La conversion des chiffres du gaspillage est tout aussi impressionnante : 8.503 tonnes de médicaments jetés. Cela représente 124 grammes par Français, soit environ deux boîtes par personne. Mais à qui la faute ? Les prescripteurs et les usagers sont pointés par la Cour des comptes. Pour les coûts directs, l’instance liste : 
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    La non utilisation : produits de santé jetés, périmés ou non.
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    Le mauvais usage : prescriptions non conformes aux recommandations sanitaires, sur-prescription, mauvaise observance, automédication inappropriée.
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    Usage inefficient : recours à un produit onéreux alors qu’un autre produit moins coûteux est disponible. 

    Pour éviter un tel gaspillage, plusieurs recommandations sont émises. Pour les médecins, l’instance conseille à la "Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) d’étendre le dispositif d’accompagnement de la prescription à d’autres médicaments présentant un fort risque de mésusage que ceux pour lesquels il existe actuellement”. 

    Les pharmaciens et les industriels sont aussi appelés à agir. Les premiers "peuvent en effet contribuer à réduire les dépenses de l’Assurance Maladie en substituant, lors de la dispensation, un médicament générique à un médicament de référence plus onéreux”. Pour les seconds, la Cour appelle à la mise en place d’actions pour "les inciter à adapter les conditionnements des produits de santé et à retenir des délais de péremption optimisés"

    Côté patients, la Cour des comptes les invite à mieux évaluer leurs besoins pour éviter de stocker des médicaments ou des dispositifs médicaux (béquilles, seringues, pansements, etc.) qui ne leur serviront plus. Mais pour cela, il faut "élargir les possibilités de réutilisation effective des produits de santé, en facilitant la re-dispensation des médicaments les plus onéreux et le réemploi de certains dispositifs médicaux”. Des mesures qui pourraient améliorer la prise en charge des patients et peut-être même, dans un contexte de risques de rupture récurrents sur certains médicaments, sauver des vies.

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