Onco-Sein
Cancer de l’ovaire platine résistant : bénéfice d’un nouvel antagoniste sélectif du récepteur des glucocorticoïde
L’ajout de relacorilant au nab-paclitaxel améliore significativement la survie sans progression et la survie globale chez les patientes atteintes de cancer de l’ovaire résistant au platine, avec un profil de tolérance acceptable.
- ALIOUI Mohammed Elamine/iStock
Le cancer de l’ovaire présente une forte mortalité, avec des rechutes fréquentes après chimiothérapie à base de platine, menant à une forme platine-résistante difficile à traiter. Le traitement repose alors sur une mono-chimiothérapie, comme le paclitaxel ± associé au bévacizumab. Bien qu’il n’existe pas de comparaison direct, les données existantes montrent que le nab-paclitaxel présente une efficacité en survie sans progression comparable à celle du paclitaxel hebdomadaire. Le relacorilant est un nouvel antagoniste sélectif du récepteur des glucocorticoïdes, permettant d’augmenter la sensibilité des tumeurs à la chimiothérapie en inhibant la signalisation du cortisol. Le nab-paclitaxel est un partenaire d'association rationnel, en raison de l'absence de prémédication aux corticostéroïdes. L’essai de phase III ROSELLA évalue le bénéfice du relacorilant en association au nab-paclitaxel dans ce contexte.
Des patientes lourdement pré-traitées
Cet essai ouvert a inclus 381 patientes atteintes d’un cancer épithélial tubulo-ovarien ou péritonéal primaire résistant au platine, ayant reçu une à trois lignes de chimiothérapie (dont au moins une à base de platine) et un traitement antérieur par bévacizumab. Les patientes ont été randomisées en deux groupes : 188 ont reçu une association de relacorilant (150 mg par voie orale la veille, le jour et le lendemain de la chimiothérapie) et de nab-paclitaxel (80 mg/m² les jours 1, 8 et 15 d’un cycle de 28 jours), et 193 ont reçu le nab-paclitaxel seul à 100 mg/m² selon le même schéma. La réduction de la dose de nab-paclitaxel dans le bras combiné s’explique par l’inhibition du CYP3A4 par le relacorilant. La majorité des patientes avait reçu au moins deux lignes de traitement, 39 % au moins une ligne dans le contexte résistant, et 99 % avaient été exposées au paclitaxel avec un intervalle majoritairement supérieur à six mois.
Un bénéfice cliniquement significatiof du relacorilant
La combinaison relacorilant + nab-paclitaxel améliore significativement la survie sans progression, avec une médiane de 6,54 mois contre 5,52 mois dans le groupe nab-paclitaxel seul (HR 0,70 ; IC 95 % : 0,54–0,91). L’analyse intermédiaire montre également un bénéfice en survie globale : 15,97 mois contre 11,50 mois (HR 0,69 ; IC 95 % : 0,52–0,92), ainsi qu’une réduction des cas d’ascite et du recours aux ponctions abdominales dans le bras combiné. Cette amélioration est observée de manière constante dans tous les sous-groupes cliniquement pertinents (âge, statut BRCA, région, nombre de traitements antérieurs, délais 1er platine sensibilité ou le dernier taxane), soulignant l’intérêt clinique de cette association. Les effets indésirables les plus fréquents (neutropénie, anémie, fatigue et nausées) étaient plus fréquents dans le bras combiné, notamment pour les événements de grade ≥ 3, mais cette différence est en partie liée à une durée de traitement plus longue ; une fois ajustés sur la durée d’exposition, les profils de tolérance restent comparables entre les deux groupes.
Vers un nouveau standard thérapeutique
L’essai ROSELLA montre que l’ajout de relacorilant au nab-paclitaxel apporte un bénéfice clinique avec une amélioration de la survie sans progression et de la survie globale chez les patientes atteintes de cancer de l’ovaire platine résistant. Ces résultats soutiennent l’utilisation de cette association comme nouvelle option thérapeutique. L’absence de nécessité de sélection par biomarqueur et un profil de tolérance acceptable justifient des recherches supplémentaires, notamment en combinaison avec le bévacizumab ou avec d'autres classes d’agents anticancéreux dans différents cancers solides.











