Rhumatologie
Lombalgie chronique : la marche en réduit le risque au-delà d’un certain seuil
Une vaste étude de cohorte norvégienne révèle qu’un volume quotidien de marche élevé serait associé à une réduction du risque ultérieur de lombalgie chronique, avec un effet dose-réponse indépendant de l’intensité de l’effort.

- izf/istock
La lombalgie chronique, première cause de perte de santé fonctionnelle dans le monde, représente un enjeu de santé publique croissant, en particulier dans les pays à revenu élevé. Alors que les recommandations actuelles insistent sur l’importance de rester actif en cas de lombalgie chronique, les stratégies de prévention primaire restent peu développées.
Publiée dans le JAMA Network Open, une étude de cohorte prospective issue de la Trøndelag Health Study (HUNT4) en Norvège a examiné l’association entre volume et intensité de marche, mesurés par accéléromètre, et la survenue de lombalgie chronique après quatre ans de suivi.
Sur les 11 194 adultes inclus (âge moyen 55 ans), 14,8 % ont déclaré une lombalgie chronique à distance. Comparé aux sujets marchant moins de 78 minutes/jour, ceux qui marchaient entre 101 et 124 minutes/jour auraient un risque réduit de 23 % (RR = 0,77 ; IC à 95 % : 0,68–0,87). L’intensité moyenne de marche, bien que significativement associée à une baisse du risque, montre un effet plus modeste après ajustement sur le volume.
Des bénéfices liés au volume de marche plus qu'à l’intensité
L’analyse par quartiles de marche quotidienne montre une relation dose-réponse claire : au-delà de 100 minutes de marche par jour, le risque de lombalgie chronique diminue, avec un plateau de l’effet au-delà de 125 minutes/jour (RR = 0,76 ; IC à 95 % : 0,67–0,87). L’intensité exprimée en MET/minute révèle également une association inverse, les personne atteignant ≥3,27 MET/min ayant un risque réduit (RR = 0,82 ; IC à 95 % : 0,72–0,93), bien que cet effet soit atténué en ajustant sur le volume.
Les résultats sont robustes dans les analyses de sensibilité, excluant les participants avec douleurs chroniques ou maladies antérieures. Aucune donnée n’a mis en évidence un effet délétère ou de mauvaise tolérance associé à une marche prolongée dans cette population générale. Ces résultats soulignent l’importance du volume quotidien de marche, plutôt que de l’intensité, dans la prévention de la lombalgie chronique, suggérant une action bénéfique dès des niveaux accessibles d’activité physique.
Des données solides et généralisables, mais des limites inhérentes à l’observationnel
L’étude repose sur des données prospectives issues d’une large cohorte représentative de la population norvégienne, avec mesure objective de l’activité physique par accéléromètre sur une moyenne de 5,7 jours. La définition rigoureuse de la lombalgie chronique (douleur ≥3 mois dans l’année écoulée) et l’ajustement sur de nombreux facteurs confondants renforcent la validité des résultats. Toutefois, la nature observationnelle de l’étude empêche d’établir un lien de causalité formel, et une certaine hétérogénéité sociodémographique (échantillon plus âgé, plus diplômé) limite partiellement l’extrapolation.
Selon les auteurs, ces résultats rejoignent les appels des experts à renforcer la prévention primaire dans la lombalgie chronique et suggèrent que la marche, activité simple, accessible et peu coûteuse, pourrait devenir un outil stratégique de santé publique. De futures recherches pourraient explorer les mécanismes biologiques sous-jacents et affiner les seuils d’efficacité pour différents profils de population.