Pneumologie
BPCO avec un phénotype éosinophilique : le mépolizumab a un bénéfice
Chez des patients souffrant de BPCO avec un phénotype éosinophilique incomplètement soulagé par une trithérapie inhalée, le mépolizumab réduirait significativement le taux annuel d’exacerbations modérées à sévères, sans amélioration des symptômes ou de la qualité de vie, un résultat en décalage par rapport à d'autres biothérapies.
- AndreyPopov/istock
Environ 20 à 40 % des patients atteints de BPCO aurait une inflammation à éosinophiles, impliquant notamment l’interleukine-5 (IL-5) dans la genèse des exacerbations. Le mépolizumab, un anticorps monoclonal humanisé dirigé contre l’IL-5, a été évalué dans l’essai de phase 3 MATINEE chez 804 patients atteints de BPCO avec ≥300 éosinophiles/μL, et incomplètement améliorés sous trithérapie inhalée.
Selon l’étude MATINEE (Mepolizumab as Add-on Treatment in Participants with COPD Characterized by Frequent Exacerbations and Eosinophil Level), publiée dans le New England Journal of Medicine, une réduction significative du taux annuel d’exacerbations modérées ou sévères est observée avec le mépolizumab par rapport au placebo (0,80 vs 1,01 ; ratio de taux : 0,79 ; IC à 95 % : 0,66–0,94 ; p=0,01). Le délai médian avant une première exacerbation est également allongé (419 vs 321 jours ; HR : 0,77 ; p=0,009), soulignant un bénéfice durable sur les poussées aiguës.
Tolérance acceptable, mais bénéfice clinique limité aux exacerbations
Par contre, aucun effet significatif n’a été observé sur les scores de qualité de vie liée à la santé ou sur les symptômes respiratoires, ce qui a interrompu l’analyse statistique hiérarchique des autres critères secondaires. La tolérance a été jugée satisfaisante, avec une fréquence d’événements indésirables comparable à celle du placebo. Le bénéfice sur les exacerbations semble homogène au sein des sous-groupes, mais reste à confirmer pour les exacerbations graves nécessitant hospitalisation.
Selon un commentaire d'expert, les résultats contrastent avec ceux obtenus récemment avec le dupilumab, un anti-IL4 qui ciblait une population plus homogène (phénotype bronchite chronique + inflammation de type 2), et pour lequel des effets bénéfiques plus larges ont été observés (exacerbations, symptômes, fonction pulmonaire).
Un essai robuste, mais à portée limitée
L’essai MATINEE est un essai randomisé, en double aveugle, mené dans un contexte difficile (inclusion durant la pandémie Covid-19) avec une durée de traitement de 52 à 104 semaines. La sélection rigoureuse des patients (≥300 éosinophiles/μL, sans asthme, sous trithérapie) renforce la validité des résultats pour une population bien pércise. Toutefois, l’absence d’effet ressenti sur les symptômes ou la qualité de vie interroge sur la pertinence clinique globale, et souligne la nécessité de mieux affiner le ciblage thérapeutique. Les résultats du COPD-HELP, qui n’a pas montré de bénéfice sur les hospitalisations ou la mortalité, illustrent la variabilité de la réponse selon le contexte et la dynamique des éosinophiles.
Selon un éditorial associé, le mépolizumab pourrait s’envisager chez des patients BPCO sévères, éosinophiliques, en échec de la trithérapie, mais un ciblage plus précis reste nécessaire, incluant potentiellement des biomarqueurs dynamiques. Ces travaux rappellent que la BPCO est une maladie hétérogène, nécessitant une approche personnalisée des traitements biologiques.











