Pneumologie
VNI à domicile : bien border le virage ambulatoire
L’initiation de la VNI au domicile est de plus en plus fréquemment proposée, en raison des progrès de la télésurveillance. Il existe toutefois, des spécificités liées aux étiologies sont à prendre en compte, et à bien déterminer, avant de faire une proposition de texte pour valoriser la VNI en ambulatoire. D’après un entretien avec Wojciech TRZEPIZUR.
Une étude française, dont les résultats sont parus en mars 2024 dans le Respiratory Medicine and Research, a cherché à évaluer les contraintes de la mise en place et l’’efficacité à court terme de la VNI en ambulatoire, puisque celle-ci est devenue le traitement de référence des patients insuffisants respiratoires chroniques. Il s’agit d’une étude rétrospective avec analyses transversale et longitudinale ayant inclus 102 patients traités par VNI au Centre Hospitalier Universitaire d’Angers, entre octobre 2020 et mai 2022. Les patients ont été séparés en différents groupes en fonction de leur pathologie (obésité, syndrome d’hypoventilation, BPCO, SLA, myopathie et maladies de la paroi thoracique). Les contraintes de la mise en place du traitement par VNI à domicile ont été évaluées par l’analyse des paramètres de la VNI, le nombre de masques essayés et la durée d’hospitalisation. L’efficacité a été évaluée par la mesure de la PaCO2 résiduelle, l’indice d’apnée-hypopnée et le volume courant.
Des contraintes à évaluer pour les différentes pathologies
Le professeur Wojciech TRZEPIZUR, praticien hospitalier dans le service de Pneumologie-Allergologie du Centre Hospitalier Universitaire d’Angers, et auteur de ce travail, rappelle, qu’historiquement, la ventilation non invasive a été initiée et poursuivie en milieu hospitalier. Il s’agit d’un traitement complexe qui nécessite une expertise et des réglages plus compliqués qu’une simple PPC. Au début de son utilisation, la mise en place de la VNI à domicile paraissait impossible. Mais, les progrès de la télésurveillance ont permis des initiatives internationales et nationales permettant de privilégier le traitement à domicile, grâce à des prestataires, des kinésithérapeutes et des médecins. Wojciech TRZEPIZUR précise que l’avantage de cela est double : la durée d’hospitalisation est moins longue et permet de libérer des lits hospitaliers plus rapidement et la qualité de vie du patient est meilleure lorsqu’il est pris en charge à domicile. Toutefois, il ajoute, qu’avant d’envisager ce virage ambulatoire, plusieurs éléments sont à tester, notamment la variabilité des réglages en fonction des pathologies ou d’un patient à l’autre et la difficulté de ventiler certains patients, en raison du volume courant cible à atteindre ou des contraintes liées au masque, pouvant nécessiter son changement.
L’enjeu est de valoriser cette pratique
Wojciech TRZEPIZUR explique que les résultats de ce travail ont montré que la pathologie la plus ventilée est la sclérose latérale amyotrophique et que les réglages de la machine sont conservés lorsque les patients quittent le service, contrairement aux patients atteints de BPCO, pour qui les réglages sont beaucoup plus variables et doivent être effectués par un médecin. Le changement de masque est un question qui revient fréquemment et qui nécessite l’intervention d’un professionnel de santé paramédical assez régulièrement. Wojciech TRZEPIZUR souligne donc qu’il y a de bons argument pour amorcer ce virage ambulatoire du traitement par VNI, et que ce type de prise en charge peut notamment être proposé larga manu aux patients atteints de sclérose latérale amyotrophique. Pour lui, l’enjeu est de déposer une proposition de texte pour valoriser ce travail qui ne fait pas l’objet, aujourd’hui, de remboursement spécifique. Il doit être intégré au programme des parcours innovants en santé, pour obtenir la rémunération qu’il mérite.
En conclusion, la VNI en ambulatoire est une pratique à fort potentiel de développement, et qui permet une meilleure qualité de vie pour les patients insuffisants respiratoires chroniques. Sa valorisation est essentielle pour qu’elle devienne routinière et permettent à ces patients, dont les thérapeutiques sont souvent lourdes, d’être pris en charge à domicile.











