Onco-Dermato
Lipodystrophie : un effet indésirable rare des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire
Quelques rares cas de lipodystrophie ont été rapportés chez des patients traités par inhibiteur de point de contrôle immunitaire. Un travail académique sur 13 des 21 cas connus dans le monde apporte quelques précisions sur cette entité complexe.
- Alona Siniehina/iStock
Les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire s’accompagnent dans près de 40 % des cas d’effets secondaires cutanés, principalement à type d’éruption maculopapulaire, psoriasiforme, lichénoïde ou eczémateuse, de pathologies bulleuses auto-immunes, de prurit, de lésions pigmentaires ou encore de modifications des cheveux et ongles.
De rares cas de lipodystrophie, parfois d’origine auto-immune, ont été rapportés, mais cette complication cutanée, du fait de son caractère exceptionnel (21 cas rapportés selon les auteurs d’une lettre de recherche au JAMA Dermatology), reste mal connue, ce qui a conduit la Task de force de dermatologie chez les patients ayant un cancer de l’Académie Européenne de Dermatologie et Vénéréologie à mener une étude rétrospective.
Une série rétrospective de 13 cas
Cette étude multicentrique (10 centres dans 5 pays) a inclus 13 patients (dont 8 femmes, âge moyen de 61,9 ans au diagnostic) qui avaient reçu au moins une dose d’anti-PD-1, d’anti-PD-L1, ou d’anti CTLA-4 avant l’apparition de la lipodystrophie. Les indications du traitement étaient variées : 5 mélanomes, 3 cancers bronchiques non à petites cellules, 3 carcinomes rénaux, un carcinome hépatocellulaire, un cancer du sein et un léiomyosarcome. Un des 13 patients avait un antécédent familial de lipodystrophie et 4 un diabète pré-existant.
Après une moyenne de 9,4 doses, 12 patients ont présenté une perte graisseuse rapide sans œdème préalable. Chez un patient, la perte graisseuse a été précédée d’un érythème et d’un œdème des deux jambes.
La lipodystrophie était localisée chez 7 patients, partielle chez 2 patients et généralisée dans 4 cas.
Atrophie adipocytaire avec ou sans infiltrat lymphocytaire sur les biopsies
Les biopsies cutanées, réalisées chez 8 patients, ont mis en évidence une atrophie adipocytaire. Chez 6 d’entre eux, un infiltrat lymphocytaire était présent. Trois patients avaient également des complications métaboliques (diabète, hypertriglycéridémie, stéatose hépatique, thyroïdite), sans lien retrouvé avec l’extension de la lipodystrophie. Le seul patient ayant développé un diabète avait une lipodystrophie localisée au niveau du visage.
Plusieurs hypothèses physiopathogéniques
Les mécanismes en cause restent mal élucidés, les auteurs proposent plusieurs pistes : anticorps contre les antigènes de membrane des adipocytes, anticorps antipérilipine, activation du complément.
Le prise en charge reste également mal définie. Les patients ayant reçu des corticoïdes ont mal répondu, et dans cette série, 4 ont interrompu le traitement par ICI en raison de la lipodystrophie.
Cette rare complication reste ainsi mal expliquée et de prise en charge non codifiée.











