Onco-Dermato
Carcinome épidermoïde cutané : le risque de récidive corrélé au nombre de facteurs de risque
La prise en compte du nombre de facteurs de risque au moment de l’exérèse chirurgicale du carcinome épidermoïde cutané pourrait permettre d’affiner l’évaluation du risque de récidive locale et à distance.
- mohd izzuan/iStock
Le carcinome épidermoïde cutané (CEC) est généralement associé à un pronostic favorable, mais les tumeurs à un stade avancé exposent à un risque de récidive, de métastases et de décès. D’où l’importance de la stratification initiale pour guider la stratégie thérapeutique.
Les limites des classifications actuelles
Elle se fonde aujourd’hui sur deux échelles, basées sur la présence de facteurs de risque (diamètre préopératoire, cellules tumorales peu différenciées, invasion des nerfs de gros calibre et invasion tumorale au-delà de la graisse sous-cutanée) : celle de l’American Joint Committee on Cancer, 8th Edition (AJCC8) et celle du Brigham and Women’s Hospital (BWH). Mais ces deux échelles ont des limites, notamment parce qu’elles ne tiennent pas compte, pour certains stades, du nombre total de facteurs de risque (FdR). Ainsi, dans la classification BWH, le stade T2b inclut les tumeurs avec 2 et 3 facteurs de risque. Elles sont donc assignées au même niveau de risque. Et dans la classification de l’ AJCC8, les tumeurs de plus de 4 cm de diamètre, avec une invasion profonde ou périneurale sont considérées comme des stade T3 indépendamment du nombre total de FdR.
Plus de 16 000 cas analysés
Selon les résultats d’une étude de cohorte internationale rétrospective, publiés dans le JAMA Dermatology, l’estimation du risque pourrait être affinée en tenant compte du nombre total de ces FdR.
L’analyse porte sur un total de 16 844 cas (35,5 % de femmes, âge médian de 73,9 ans) qui, à l’inclusion, présentaient 0 facteur de risque (75,1 %), 1 FdR (17,2 %), 2 FdR (6,0 %), 3 FdR (1,3 %) ou 4 FdR (0,3 %) RFs.
Les patients ont été suivis pendant une durée médiane de 33,6 mois.
Les auteurs montrent que le risque de récidive locale augmente avec le nombre de FdR, passant de 1,7 % en l’absence de tout FdR, à 5 % pour 1 FdR, 8,8 % pour 2 FdR, 16 % pour 3 FdR et 33 % en présence des 4 FdR (p < 0,001).
Cette augmentation progressive est également rapportée pour le risque de métastases ganglionnaires, passant de respectivement 0,6 %, à 3,6 %, puis 11 %, 20 % et enfin 28 % en présence des 4 facteurs de risque (p < 0,001) et pour celui de métastases à distance (0,2 %, 1,1 %, 2,3 %, 7,9 %, 8,4 %, p < 0,001). Il en est de même pour la mortalité spécifique : 0,3 %, 1,9 %, 5,4 %, 11 % et 25 % (p < 0,001).
Une mortalité spécifique presque doublée
Comparativement aux tumeurs avec 2 FdR, celles avec 3 FdR ont un risque d’incidence cumulée de récidive locale multipliée par 1,6, de métastase ganglionnaire 1,9 fois plus élevé, de métastase à distance multiplié par 4,3 et de mortalité spécifique de 1,9 plus élevé.
La prise en compte du nombre de facteurs de risque pourrait ainsi permettre de différencier, au sein des tumeurs de stade T2b de la BWH, le sous-groupe le plus à risque (3 FdR).











