Onco-Sein
Cancer du sein métastatique RH+ : un nouveau SERD oral, en plein développement
Publiée récemment dans le Lancet Oncology, l’étude SERENA 2, retrouvant une réduction du risque de progression de 41% du Camizestrant comparativement au Fulvestrant, en 2éme ligne des cancers du sein métastatiques RH+, met en avant le potentiel de cette molécule, actuellement testée dans plusieurs études à différents stades de la maladie.
- Nadzeya Haroshka/iStock
Depuis plusieurs années, le développement de nouveaux SERDs oraux (inhibiteurs sélectifs du récepteur aux œstrogènes) vise à éviter l’hormonorésistance. L’un des mécanismes majeurs de cette résistance est la mutation ESR1, qui active en permanence le récepteur indépendamment des œstrogènes. L’Elacestrant, étudié dans l’essai EMERALD, a montré un bénéfice modéré, insuffisant pour un remboursement en France. Les molécules Giredestrant (essai acelERA) et Amcenestrant (essai AMEERA-3) ont donné des résultats non concluants, laissant le Fulvestrant comme seul SERD disponible en pratique courante.
Camizestrant, la molécule étudiée dans l’essai SERENA 2, semble prometteuse grâce à sa capacité à dégrader complètement le récepteur aux œstrogènes et à conserver son efficacité en cas de mutation ESR1, selon les données précliniques.
Une dose de 75 mg de Camizertant retenue
En pratique, entre Mai 2020 et Août 2021, 240 patientes, ménopausées, présentant un cancer du sein RH+, HER2-, localement avancé ou métastatique, récidivant après une première ligne au plus d’hormonothérapie en phase avancée, ont été randomisées selon un schéma 1-1-1-1 : 74 ont reçu du Camizestrant 75 mg, 73 du 150 mg, 20 du 300 mg et 73 du Fulvestrant (500 mg MI tous les 28 jours, après dose de charge). Sur les données de l’étude de phase 1 suggérant l’absence d’efficacité supplémentaires au-delà de 150 mg, le bras 300 mg a été fermé après amendement. Les patientes pouvaient avoir été pré traitées par une ligne de chimiothérapie en phase avancées, par des inhibiteurs de CDK4/6, par contre l’utilisation antérieur de Fulvestrant ou autre SERDS oraux étaient exclues.
Une stratification était faite sur un traitement antérieur par inhibiteur de CDK4/6, ce qui représentait 51 % des patientes, et la présence de métastases hépatiques et/ou pulmonaires. Le critère de jugement principal était la survie sans progression, l’efficacité clinique, les objectifs secondaires entre autres, la survie globale et la tolérance. Concernant la population, un observait un âge médian de 61 ans, 59 % des patientes présentaient des métastases viscérales, la présence de mutation ESR1 chez 30 % des patientes du bras 75 mg, 36 % du bras 150 mg, et 48 % du bras Fulvestrant. Une recherche de mutation ESR1 était réalisée au cours de l’étude au cycle 1,2,3, 5 et 7.
Une réduction du risque de récidivede 67 % en cas de mutation ESR1
Le suivi médian variait de 14,7 à 16,6 mois. La survie sans progression était significativement améliorée dans les bras Camizestrant. Dans le bras Fulvestrant, elle était de 3,7 mois. Elle atteignait 7,2 mois avec 75 mg de Camizestrant (HR 0,59 ; IC 90 % : 0,42–0,82 ; p = 0,017) et 7,7 mois avec 150 mg (HR 0,64 ; IC 90 % : 0,46–0,89 ; p = 0,0090). À 12 mois, les taux de survie sans progression étaient de 25,3 % (Fulvestrant), 34,3 % (Camizestrant 75 mg) et 44,5 % (Camizestrant 150 mg).
En présence d’une mutation ESR1 détectée à la baseline, la médiane de survie sans progression était de 2,2 mois dans le bras Fulvestrant, contre 6,3 mois avec Camizestrant 75 mg et 9,2 mois avec 150 mg. Chez les patientes prétraitées par inhibiteurs de CDK4/6, la médiane de survie sans progression était de 2,1 mois pour le Fulvestrant, 5,5 mois pour Camizestrant 75 mg et 3,8 mois pour 150 mg. Les données de survie globale restent immatures, avec une médiane atteinte uniquement dans le bras Fulvestrant (20,5 mois).
Concernant la tolérance, les effets indésirables de grade ≥3 étaient rares : 1 % pour le Camizestrant 75 mg et 3 % pour le 150 mg. Les principaux effets rapportés étaient l’asthénie, l’hypertension artérielle et l’anémie.
Ces résultats prometteurs ouvrent des perspectives intéressantes, notamment avec les essais en cours : SERENA 4 (1ère ligne métastatique avec Palbociclib), SERENA 6 (mutation ESR1) et CAMBRIA 1 et 2 (risque de récidive en phase adjuvante).











